65 km à pied, ca use, ca use... (1/2)

22/03/2023

La veille du départ

Le mardi 14 février, c'est la fameuse fête de Valentin… mais surtout la veille de notre départ pour une nouvelle aventure. Nous avons prévu de partir randonner en autonomie, plusieurs jours sur la Voix Lycienne ! Ce sentier de trek est le plus long de Turquie et l'un des plus fameux chemins longue distance au monde. Il longe le littoral Méditerranéen sur 535 km, reliant entre elles les cités Lyciennes de l'antiquité pour terminer dans les hautes montagnes près d'Antalya. ¨Pour notre part, nous nous contenterons d'un tronçon d'environ 60 km entre Oludeniz et Patara, qui promet de superbes paysages et permet de traverser des villages difficilement accessibles par la route et reculés du tourisme. 

Nous consacrons cet après-midi à nos préparatifs d'avant départ : préparer les sacs avec le matériel de camping et bien sûr le moins de poids possible. On fait la chasse au moindre kilo superflu quand on doit porter son sac toute la journée ! Quelques courses sont aussi nécessaires, afin d'emmener un maximum de provisions pour les repas, et une bonne séance de laverie, histoire de partir sur une base la plus propre possible ;)

Nous déposons donc nos vêtements dans une petite blanchisserie (En Turquie, nous ne trouvons aucune laverie automatique). La dame commence à faire des tas en séparant le blanc, les couleurs, le noir... Je l'arrête et lui fait signe qu'elle peut tout mélanger sans problème. Elle me regarde, l'air horrifiée, en me faisant "non de la tête". Je rigole et lui explique que nous vivons en camping-car et que nous avons perdu l'habitude de trier, mais l'air renfrogné de la Mama Turque me montre qu'elle est déterminée dans sa tâche !

Jour 1 - Oludeniz à Kirme

11 kilomètres, 600m de dénivelé +, 5 heures

Le lendemain, nous fêtons nos 6 mois sur la route ! Quoi de mieux que cette date pour débuter notre aventure sur la voix Lycienne ? Nous récupérons nos vêtements à la blanchisserie, plus propres que jamais, et repassés avec soin... Dommage qu'ils soient destinés à partir dans un sac à dos de randonnée directement ! La dame nous fait comprendre qu'elle a même essayé de récupérer la couleur de notre torchon de cuisine (devenu beige et tâché au fil du voyage) en le lavant plusieurs fois. Mais celui-ci lui a visiblement donné du fil à retordre ! 

Après un petit çaï, nous voilà repartis avec nos sacs qui embaument la lessive... Le départ est plus proche que jamais ! Nous garons Mammouth dans le centre-ville d'Oludeniz sur un parking calme, mais tout de même en vue d'un petit café où quelques grands-pères passent l'après-midi à jouer au Backgammon. Ils seront les gardiens de Mammouth pendant notre absence ! Après avoir traversé la ville, chargés de nos sacs de respectivement 13 et 18 kilos, nous rejoignons rapidement le point de départ officiel de la voix Lycienne, matérialisé par un porche en bois. Plus question de faire demi-tour, c'est parti pour 3300 mètres de dénivelé positif sur 5 jours. On croit en nos mollets !

 
Nous sommes mis au parfum dès le départ, avec une belle côte qui nous fait prendre plus de 500 mètres de dénivelé. Nous peinons en plein cagnard pendant plus de 2 heures et regrettons vite d'être partis en début d'après-midi. Mais le paysage en vaut la chandelle. Et pour cause, la plage d'Oludeniz et son immense langue de sable blanc est souvent élue parmi les plus belles du monde. Le lagon aux eaux transparentes est entouré de magnifiques reliefs et d'îlots montagneux qui nous rappellent l'Indonésie.

 
Nous marchons à travers quelques petits villages et forêts de pins et trouvons vite notre rythme, après avoir laissé derrière nous la première montée bien sportive. Cassia, elle, caracole devant et fait quelques rencontres. Une chèvre bien joueuse qui vient vers elle pour une courte poursuite amusante à voir. Mais aussi une vache, moins sympa, qui tente de lui asséner un coup de tête, alors que nous étions occupés à remplir de l'eau à la fontaine. Nous retrouvons Cassia perchée en haut d'un talus, complètement traumatisée par cette grosse bête à cornes ! 

En fin de journée, nos jambes sont lourdes et les épaules commencent à être douloureuses. J'ai l'impression de marcher comme une très vieille dame, en me traînant avec mes deux bâtons ! Mais nous nous accrochons et poussons encore un peu plus loin, le temps de dépasser le premier village et de trouver un endroit adéquat pour notre bivouac. Nous trouvons notre bonheur au pied d'un chêne, avec une belle vue sur les montagnes et la vallée. Mais il fait déjà bien froid à 800m d'altitude, nous nous attelons donc à monter la tente et rassembler de quoi faire un bon feu ! Ce soir, ce sera chamallows grillés (les premiers pour Valentin !) 😉


Jour 2 - Kirme à Kabak

11 kilomètres, 400m de dénivelé +, 7 heures

Nous sommes tirés du lit assez tôt, après une courte nuit. Entre notre tente complétement en pente (erreur de débutants) et le froid qui nous a saisi toute la nuit, nous obligeant à revêtir nos bonnets et 36 couches de vêtements, le sommeil n'a pas vraiment été réparateur. Après avoir avalé un café salvateur et replié tout le bivouac, nous prenons le chemin dès 8h30 vers notre prochain point de vue : la célèbre "vallée des Papillons". 

De très impressionnantes falaises encadrent une minuscule plage, accessible uniquement par bateau. Il y aurait eu plusieurs accidents mortels, certains ambitieux ayant tout de même tenté la descente par les falaises. L'endroit est superbe, mais nous ne voyons aucun papillon à l'horizon, et malheureusement, le soleil peine à percer ce matin-là ! Non loin, nous faisons la connaissance d'un voyageur suédois en van, puis reprenons la route. 

Après quelques passages compliqués, plutôt dignes d'escalade, nous atteignons une grande pinède vers midi pour une pause bien méritée. C'est le début d'un magnifique sentier bordant le littoral, typiquement Méditerranéen avec ses immenses pins maritimes et la mer turquoise. Nous faisons tout de même le constat de quelques constructions de bungalows touristiques, qui commencent à pousser ca et là, privatisant peu à peu la côte et nous obligeant à plusieurs reprises à quitter le chemin initial. A certains endroits, des pistes ont été creusées pour les engins de chantiers, entrainant l'éboulement du sentier. Même si un effort est fait sur les constructions, qui sont pour la plupart en bois et se fondent plutôt bien dans le décor, c'est vraiment regrettable de voir ce lieu sauvage détruit pour densifier le tourisme.

 L'après-midi, le soleil commence à bien cogner et nous faiblissons à vue d'œil. Nous nous égarons une nouvelle fois, le chemin principal étant inaccessible à cause d'un nouveau chantier. Alors que notre moral commence à décliner, une belle surprise nous attend. Une magnifique tortue de terre vient de traverser juste devant notre chemin ! 

Elle n'a pas eu l'air de se sentir trop menacée par notre vitesse de pointe 😉 Après cette chouette rencontre, qui nous redonne le sourire, nous vivons notre premier moment de stress. Avec la chaleur, nos réserves d'eau sont parties très vite et nous sommes bientôt à sec. Le prochain village est encore loin et nous guettons la moindre fontaine. Heureusement, Val a l'oreille fine et repère, au bout d'un petit kilomètre, un point d'eau caché à l'entrée d'un petit camping. Nous descendons discrètement dans le fossé et refaisons le plein : ouf !

 Nous avons lorgné sur la mer toute la journée et n'avons qu'une hâte : arriver au village de Kabak, pour un petit plongeon rafraichissant. Quel bonheur lorsque nous arrivons enfin en haut de la vallée et apercevons cette belle baie ! Nous établissons le campement un peu en surplomb (élu le plus beau spot depuis le début du voyage). Une pareille vue mer depuis la tente, ca vaut au moins 5 étoiles !


Jour 3 - Kabak à Alinca

10 kilomètres, 1000m de dénivelé +, 7 heures

Encore une nuit mouvementée ! Cette fois pas de problème de pente ou de température, simplement Cassia la froussarde, qui a passé son temps à japper, apeurée par un bruit dans les buissons, autour de la tente. Tandis que j'avais choisi de m'enterrer au plus profond de mon duvet pour trouver le sommeil, Valentin était parti vérifier au beau milieu de la nuit que nous n'étions pas en risque d'attaque de sanglier. Mais rien à déplorer, sans doute un simple mulot ou une petite tortue !

 Nous quittons à regret la belle plage de Kabak vers 9h, puis attaquons cette 3ème journée dans le dur, avec une ascension de 800m pour passer de l'autre côté de l'immense montagne. Mais nous marchons à travers de belles gorges et la fraîcheur matinale nous aide à vite trouver un rythme de croisière. Vers midi, nous sommes quasiment arrivés au sommet et rencontrons un randonneur Slovaque. C'est le seul marcheur que nous croiserons de la journée, autant dire que le trail n'est pas beaucoup fréquenté à cette période ! 

Nous mangeons dans une petite clairière puis nous mettons en route pour le dernier kilomètre qui nous sépare du village d'Alinca, en espérant pouvoir y trouver une petite épicerie pour nous ravitailler. A peine a-t-on approché des premières maisons, qu'une petite mamie nous entrouvre sa porte et nous alpague : "Market ?". Elle ne parle pas anglais, mais nous désigne quelques étagères dans son garage dont le choix semble plus que restreint.

Mais nous saisissons l'opportunité et lui achetons quelques fruits secs et gâteaux (il faut bien de l'énergie et du réconfort). Je lui demande si elle a du pain, et elle revient avec une assiette où sont empilées quelques crêpes appétissantes. Ce sera parfait pour notre prochain petit-déjeuner ! Après avoir réglé, elle nous propose une tasse de çaï. Nous acceptons volontiers et elle nous installe sur sa petite terrasse, surplombant la baie avec une vue magnifique. Un potager de fortune y est installé, où elle fait pousser quelques légumes directement dans de gros bidons en plastique de récupération ! Après quelques instants, la voilà qui revient chargée d'un gros plateau avec le service à thé... Mais également une assiette de crudités et les fameuses crêpes que nous lui avions demandées, cuisinées avec du poireau et de la coriandre !

Nous réalisons alors le quiproquo : elle n'a pas compris que nous souhaitions les emporter, mais a pensé que nous voulions déjeuner chez-elle. C'est loupé pour les bonnes crêpes au Nutella du lendemain ! Désirant être polis, nous entamons donc notre 2ème repas de la journée avec le sourire (heureusement que la marche, ça creuse) ! Elle nous apporte même de petits beignets à la fleur d'oranger en dessert, un délice. Finalement, nous repartons avec des tomates, un citron et Cassia a le droit à quelques morceaux de pain. 

La route se poursuit avec une descente bien escarpée et glissante, qui nous donne du fil à retordre. Le paysage devient de plus en plus aride, nous rappelant nos randonnées sur l'île de Tenerife. Et que dire de la vue de ce littoral dentelé, qui semble s'étendre dans le bleu roi de la mer ! Sur les derniers kilomètres, les chemins de muletiers laissent place à des prairies où poussent de belles fleurs et des oliviers sauvages. Nous plantons notre tente à l'abri des regards, avec quelques chèvres et un coq comme uniques voisins. Le sommeil n'est pas difficile à trouver et nous nous endormons rapidement après un beau coucher de soleil. Il va falloir reprendre des forces pour nos 2 derniers jours de marche ! 

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

Nous avons compté les jours, ces derniers temps… Et arrive enfin le 26 mai, date de retrouvailles avec mes deux copains Dorian et Fraga. Ils viennent de France pour passer 5 jours avec nous en Albanie, en vadrouille dans Mammouth ! Une escale à Bari et surtout un retard d'avion plus tard, les voilà arrivés à l'aéroport de Tirana !!!...

Après avoir bien profité du sud de l'Albanie et son ensoleillement, nous mettons cap vers le nord et ses montagnes ! Le mercredi 17 mai, nous arrivons dans la ville de Shkodër, à la frontière du Monténégro, qui nous servira de base pour garer Mammouth le temps d'explorer cette région. Et oui, par ici les routes ne sont pas DU...

juin 06

Bunkerland

Les kilomètres se sont vite enchaînés depuis notre départ de la Turquie le 22 Avril ! Après avoir traversé le nord de la Grèce, nous avons gagné la célèbre région des Météores à la découverte des monastères perchés en haut des montagnes. Mais – chats noirs oblige – une panne de notre disque dur nous a fait perdre toutes les photos...