Athènes, cité éternelle

12/01/2023

Le lundi 19 décembre, alors que nous roulons sur l'autoroute bordant le littoral pour rejoindre Athènes, Valentin repère un mouvement inhabituel dans l'eau. Il pense en premier lieu à une hallucination, mais ce sont bel et bien 4 dauphins qui sautent joyeusement hors de l'eau devant nos yeux. Une scène digne d'un film, qui vient comme célébrer notre arrivée dans le sud. Nous voilà prêts et motivés pour quelques jours de visite dans la capitale !

Comme bien souvent en Grèce, la fondation d'Athènes fait l'objet d'un mythe dont les dieux de l'Olympe sont les principaux protagonistes. Il oppose Poséidon (dieu de la Mer) et Athéna (déesse de la sagesse), chacun voulant s'accaparer la cité. Une prophétie annonçait en effet qu'elle deviendrait la plus puissante d'entre toutes. N'arrivant pas à les départager, Zeus décida de laisser les citoyens décider du dieu qui leur servirait de gardien. Pour les convaincre de le choisir, Poséidon frappa un rocher et fit jaillir une source d'eau salée. Athéna, leur offrit l'olivier, et gagna ainsi le cœur de ceux qui devinrent les « Athéniens ».

2500 ans d'histoire plus tard, après avoir été le berceau de la démocratie et de la philosophie, la cité est devenue mégalopole. Surnommée « Tsimentopouli », la ville de ciment, elle s'étale entre 3 collines et la mer, comme prisonnière de leur étau. Elle compte à elle seule 4,5 millions d'habitants, soit un tiers de la population du pays. C'est dire le contraste avec les villes grecques que nous avons traversé jusqu'à maintenant. Pour autant, nous avons trouvé cette ville démesurée, tant par sa taille que son histoire, vraiment captivante. Il est d'ailleurs difficile de résumer en un seul article les 4 jours passés à l'arpenter. Nous vous livrons donc notre visite d'Athènes en 10 favoris, en espérant inspirer ceux qui voudraient sauter dans un avion pour la découvrir à leur tour.


1 - L'Acropole

C'est sans doute la première image qui nous vient en tête quand on évoque Athènes. Etonnant plateau rocheux de 150m de haut, l'Acropole domine fièrement la ville. Drôle de contraste que nous offre cette forteresse naturelle, au milieu de la fourmilière de vie moderne qui s'étale à ses pieds. Alors que nous nous perdons dans les différents quartiers, elle semble vouloir jouer à un drôle de cache-cache, disparaissant au détour d'une ruelle, puis se laissant parfois entrevoir derrière un building.

Un premier temple en l'honneur d'Athéna y fut construit dès le 8e siècle av. JC. Mais il faudra attendre le règne de Périclès pour que soit entamée la construction des monuments actuels, qui s'achèvera en 429 av. JC. Son histoire est ensuite marquée d'une suite d'occupations, transformant profondément le site. Le Parthénon sera ainsi changé tour à tour en mosquée ottomane, en église byzantine, en poudrière... Certains monuments sont pillés, endommagés voir détruits au fur et à mesure des guerres qui rencontrent leur histoire. C'est en 1833 que l'Etat grec entreprend les premières fouilles et restaurations, qui se poursuivent encore aujourd'hui.

La visite au mois de décembre est un vrai avantage : pas de queue pour rentrer, un demi-tarif et des lieux beaucoup moins fréquentés qu'habituellement. Nous profitons d'un beau soleil pour couronner le tout ! Il faut compter 2 bonnes heures pour parcourir l'ensemble du site. Nous arrivons par l'entrée secondaire, directement sur le théâtre de Dionysos, lieu de fêtes et de représentations lors de l'Antiquité. C'est ensuite la découverte du magnifique Odéon d'Hérode Atticus (le coup de cœur de Valentin), qui nous transporte comme spectateurs des concours musicaux qui s'y tenaient. Sa scène encadrée de colonnes dominant la ville, et le plancher recouvert d'un damier en marbre sont d'une conservation remarquable. Ce lieu est d'ailleurs toujours utilisé dans le cadre de festivals.

Nous poursuivons l'ascension via le grand escalier précédant le temple d'Athéna Niké. Il ouvre la voie vers le sommet de l'Acropole et fait face à ses deux plus emblématiques temples : l'Erechthéion et le Parthénon. Le premier est célèbre pour ses gracieuses colonnes : les 6 Caryatides, des jeunes femmes toisant l'horizon de leur regard imperturbable. Leur interprétation est méconnue : pour certains, elles représentent les jeunes filles de Laconie qui dansaient en l'honneur de la déesse d'Artémis. Pour d'autres elles seraient des choéphores, chargées d'apporter des offrandes au défunt roi Cécrops. Parmi les statues originales, 5 sont visibles au musée de l'Acropole, la dernière étant conservée au British museum.

Enfin, nous nous approchons de celui qui capte tous les regards : le Parthénon, à la fois massif et fragile, en témoigne l'échafaudage présent sur l'une de ses faces. Il doit son aspect grandiose à une multitude d'astuces architecturales. Cela fait de lui un cas d'école qui a inspiré d'autres monuments dans le monde entier : le Panthéon de Paris, le British Museum, la Cour suprême des Etats-Unis... Nous nous amusons à repérer ces illusions d'optique : les colonnes qui s'amincissent vers le haut et sont espacées de distances irrégulières, les surfaces faussement planes, les colonnes situées aux angles qui ont un diamètre supérieur aux autres. Des tricheries qui corrigent la déformation naturelle de notre œil et lui donne encore une majesté certaine.

Afin de lui rendre toute sa grandeur, un gigantesque chantier de rénovation a été lancé depuis les années 1980. Mais les architectes se heurtent à un véritable casse-tête, pour reconstituer un puzzle des 10 000 pièces de marbre, dont aucune n'est interchangeable du fait de l'absence de lignes droites. Même les ordinateurs ont échoué à résoudre le calcul de leur association. Désormais, le chantier avance lentement « au jugé et à l'œil » des restaurateurs. Enfin, un mystère reste entier : comment les Grecs ont-ils pu construire un monument aussi complexe en moins de 10 ans, sans méthodes modernes et sans que l'on ait retrouvé le moindre plan ?


2 - Le Musée de l'Acropole

Fruit d'un concours d'architecture lancé avant son ouverture en 2009, la structure moderne du Musée de l'Acropole contraste avec les trésors antiques qu'il recèle. Ses immenses baies vitrées laissent entrevoir l'Acropole tout au long de la visite. Elles connectent habilement l'intérieur et l'extérieur et baignent les pièces d'une lumière naturelle. Nous y passons 2 heures à admirer les statues et fresques, et notamment les reconstitutions des deux frontons du Parthénon. A l'Est était représentée la naissance d'Athéna, entourée de certains dieux de l'Olympe, et à l'Ouest la fameuse dispute entre Poséidon et Athéna pour la possession de l'Attique. Même si nous aurions aimé être davantage guidés dans la visite (nous regrettons l'absence d'audioguide ou d'un ordre à suivre pour les pièces qui sont exposées), la visite est agréable et fait le parfait trait d'union avec celle de l'Acropole.


3 - Le quartier de Plaka

Sur les flancs de l'Acropole, les rues se font plus sinueuses et escarpées, donnant l'impression d'être dans un village. De belles demeures néoclassiques cohabitent avec de petites habitations aux couleurs pastel, les terrasses de tavernes installées dans le moindre escalier et les nombreuses boutiques de souvenirs. Les arbres fruitiers sont abondants et subliment le quartier de leurs touches de couleurs : citronniers, orangers, mandariniers... Bien que touristiques, ses ruelles piétonnes sont préservées de l'agitation de la ville et nous avons beaucoup apprécié nous y perdre à plusieurs moments de la journée.


4 - Les Tavernes

La transition est parfaite pour évoquer l'activité incontournable de toute visite d'Athènes : la découverte de sa gastronomie. La ville est dotée d'une gigantesque offre de restaurants et cafés, dont les Athéniens fréquentent assidument les terrasses. Le quartier moderne autour de la place Syntagma regorge d'adresses branchées, mais de notre côté nous avons préféré opter pour une carte plus authentique, dans les tavernes. Choisir la bonne adresse se révèle parfois un vrai jeu d'équilibriste, afin de ne pas tomber sur l'adresse attrape-touristes. Nous avons ainsi pu constater des prix allant du simple au double pour une Moussaka, dans des restaurants pourtant situées côte à côte. Ensuite, il faut oublier le traditionnel menu « entrée, plat, dessert ». En Grèce, le restaurant est vu comme une expérience conviviale et basée sur le partage. Nous imitons donc les grecs, qui commandent plusieurs assiettes d'entrées, salades et viandes... C'est d'ailleurs la meilleure façon de découvrir un large panel les spécialités locales : olives, fêta au four, moussaka, sardines grillées, beignets de courgettes... 

En plus d'être délicieuse (l'huile d'olive, c'est la vie), la gastronomie grecque est très abordable et nous nous en tirons à chaque fois pour un maximum de 15€ par personne avec ouzo et café. Attention cependant à ne pas avoir (comme nous), les yeux plus gros que le ventre : les assiettes sont véritablement pensées pour être à partager et sont donc très, très copieuses ! Autre point à connaître pour éviter l'explosion : les menus proposent très rarement des desserts, mais le gérant vous fera fréquemment cadeau d'une part de gâteau ou d'une délicieuse pâtisserie orientale. Il faut donc garder un peu de place 😉

Voici 2 adresses que nous avons particulièrement appréciées dans le quartier de Plaka :

  • Taverna di Eaita, Kidathineon 19 : une salle chaleureuse en sous-sol dans laquelle nous étions seuls, des gérants adorables et une cuisine fait-maison dé-li-cieuse
  • Scholarhio, Tripodon 14 : une institution familiale, des mezzes copieux et un rapport qualité prix imbattable.

5 - L'Agora Grec

Nous avions hésité à nous lancer dans la visite de l'Agora Grec, parfois comparé très péjorativement à un « champ de ruines ». Vrai symbole, ce lieu était le centre de toute la vie sociale à l'antiquité : c'est là qu'étaient installés les boutiques et marchands, prises les décisions politiques ou que les jugements étaient rendus. Nous nous laissons finalement tentés afin de profiter d'un peu plus près du temple érigé en l'honneur d'Héphaïstos, dieu de la métallurgie. Si le reste du site demande effectivement de mobiliser toute son imagination, ce temple est réputé pour être l'un des vestiges les mieux conservés de la Grèce antique. Bien que petit, en comparaison du gigantesque Parthénon, il reste impressionnant, perché sur sa colline dominant l'Acropole. Finalement toute la visite de l'Agora nous offre une parenthèse de calme bien agréable, loin de l'agitation de l'Acropole ou des ruelles commerçantes.


6 - Le stade Panathénaïque

En nous éloignant un peu plus du cœur de la ville, nous découvrons un autre édifice important de l'histoire d'Athènes : le stade Panathénaïque. Sa construction remonte à 300 av. JC, époque à laquelle s'y tenaient les Panathénées, des compétitions artistiques et athlétiques en l'honneur d'Athéna. Mais il atteint le sommet de sa gloire en 1896. C'est l'année qui marqua le relancement des Jeux olympiques modernes en son sein, par l'initiative du grec Dimitrios Vikelas et du français Pierre de Coubertin. Bien que la visite ne soit pas donnée (10€ alors que nous étions en tarif hors saison), nous avons adoré l'histoire de ce lieu singulier, déambuler entre ses immenses gradins de marbre et l'exposition consacrée aux affiches et aux torches des JO.


7 - La Relève de la garde

Notre plus gros fou-rire à Athènes ? Il a eu lieu, dans un contexte improbable, sur la place du Parlement Grec, dans le quartier Syntagma. Tous les jours à 11h, s'y tient la relève de la Garde nationale. Même si cette procession militaire est très sérieuse, il faut avouer tous les ingrédients sont là pour prêter à rire : un accoutrement ridicule (notamment des sabots ornés de pompons), une chorégraphie improbable (genre de kung fu au ralenti, qui doit demander beaucoup de souplesse) et un concours de belles moustaches... Une relève très originale, qui a détrôné celle de Buckingham dans notre cœur !


8 - Le Marché Central

Quoi de mieux que les halles du marché central pour goûter à l'ambiance d'une ville et mieux comprendre sa culture ? Nous entrons de bon matin dans les immenses halles d'Athènes, consacrées à la viande et au poisson. Grouillantes de monde, nous y découvrons un lieu de vie tourbillonnant : ça crie, ça rigole, ça négocie, ça fume à l'intérieur, ça se promène en scooter... Des carcasses sont pendues au plafond, tandis que certains exposants sirotent un café oriental sur un petit coin de table. Ce lieu nous transporte dans l'ambiance des souks... avec une pointe d'hygiène en plus tout de même, car ici tout est bien réfrigéré. Nous avons aussi adoré arpenter le quartier alentour, extrêmement populaire avec ses boutiques remplies d'un improbable bric à brac et ses petits restaurants turcs.


9- Le port du Pirée

Lors de notre visite, nous avions trouvé un grand parking sécurisé au port du Pirée, dans lequel nous avions le droit de séjourner. Garés au fond et au calme, nous avons ainsi passé les 4 nuits au pied du métro, qui nous conduisait en 20 min dans le centre d'Athènes : super pratique ! Un lieu de stationnement idéal pour tous les voyageurs comme nous, en véhicule aménagé. D'autant que la propriétaire Maria est adorable et parle un parfait français. Cet emplacement nous a aussi donné l'occasion d'explorer la petite ville du Pirée, connue pour être la porte d'entrée des ferries vers les Cyclades. La ville regorge de magasins, restaurants et cafés et nous avions donc tout à portée de main. Une balade nous a ainsi mené jusqu'au port de plaisance de Mikrolimano, dont la belle promenade est bordée de restaurants raffinés qui ont mis le paquet sur les illuminations de fin d'année. Puis nous sommes passés devant la belle plage de Votsalakia son yacht-club aux impressionnants bateaux amarrés pour l'hiver. Une ambiance balnéaire à quelques minutes de la capitale, qui vaut le coup de se perdre hors du port industriel !

Notre stationnement au Pirée : Parkopolis, 3 Fokionos st., Pireaus


10 - Le Mont Lycabette

La vue depuis le mont Lycabette se mérite un peu puisqu'il faut grimper les 300 mètres de dénivelé. Pour les moins sportifs, une alternative existe tout de même : un téléphérique qui relie le centre-ville au haut de la colline. Nous attendons la fin de journée afin de nous y rendre pour le coucher de soleil. L'ascension se fait au pas de course, car nous sommes un peu en retard, pour ce rendez-vous qui n'attend pas ! Le panorama nous récompense bien, avec le spectacle des lumières d'Athènes et du soleil se couchant sur la mer

Au fur et à mesure que la lumière décline, la silhouette de l'Acropole se détache de plus en plus de l'immense enchevêtrement de rues, d'où s'élève klaxons et sirènes. Les visiteurs ont quitté la colline, désormais déserte et préservée du chaos de la ville moderne qui l'entoure, telle une cité éternelle, figée dans le temps.

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

Nous avons compté les jours, ces derniers temps… Et arrive enfin le 26 mai, date de retrouvailles avec mes deux copains Dorian et Fraga. Ils viennent de France pour passer 5 jours avec nous en Albanie, en vadrouille dans Mammouth ! Une escale à Bari et surtout un retard d'avion plus tard, les voilà arrivés à l'aéroport de Tirana !!!...

Après avoir bien profité du sud de l'Albanie et son ensoleillement, nous mettons cap vers le nord et ses montagnes ! Le mercredi 17 mai, nous arrivons dans la ville de Shkodër, à la frontière du Monténégro, qui nous servira de base pour garer Mammouth le temps d'explorer cette région. Et oui, par ici les routes ne sont pas DU...