Attention : rivière très sauvage !
La région de la Soča (à prononcer « Sotcha ») et sa rivière émeraude, une des plus belles d'Europe, nous faisait de l'œil depuis un moment. Mais nous avions choisi d'y renoncer devant la difficulté d'accès avec le camping-car. La vallée est encaissée entre les Dolomites côté Italie et le parc national du Triglav et ses imposants sommets. L'entrée se fait par le haut col de Vrsic et ses 50 virages, une route réputée difficile en voiture. Autant dire impossible pour notre Mammouth !
Mais heureusement, l'auto-train existe aussi en Slovénie (Oui, le même que nous avions découvert en Suisse), et permet de se rendre de la vallée de Bohinj au bas de la Soča. Nous signons donc pour une deuxième expérience d'auto-train et montons à bord le mardi 20 septembre. Cette fois, le trajet ne se fait pas entièrement dans un tunnel et nous laisse donc admirer la vallée et ses petits villages. Beaucoup plus agréable !
La Soča
est le nom commun à la vallée, la rivière qui la
traverse sur 138km ainsi qu'une petite ville (Oui, les slovènes n'ont pas été
beaucoup plus originaux que les mayennais sur ce coup). Cette région qui regorge
de cascades et de canyons, est décrite comme le paradis des sports d'eau vive
de type rafting ou canyoning. Notre première randonnée nous mène aux chutes de
la Boka, indiquée comme les plus puissantes du pays. Elles sont observables
directement depuis la route, mais un chemin abrupt permet de s'en approcher (et
évidemment nous n'y résistons pas). En cette saison, nous sommes un peu déçus par
le débit, qui doit être plus impressionnant lors de la fonte des neiges. Une
fois en haut, c'est finalement la vue magnifique sur la Soča serpentant au
pied des montagnes, qui volera la vedette aux chutes de la Boka dans notre cœur
!
L'après-midi, nous faisons un arrêt à Bovec, le chef-lieu de
la région, pour obtenir quelques informations sur le réseau de bus et une carte
de la rivière. Non sans mal, car le monsieur de l'office de tourisme (pourtant
vide à cette période) ne semble pas du tout motivé pour nous aider. Au prix de
beaucoup de patience, il nous indique tout de même l'endroit pour observer les
plus belles gorges ainsi que les voies d'accès pour entrer en kayak. Ces
informations en main, nous choisissons un camping dont les emplacements donnent directement sur la
rivière, parfait pour partir avec le kayak !
Nous terminons la journée par la visite des magnifiques gorges de Velika Korita, directement accessibles depuis la route, et qui s'étendent sur un petit kilomètre de long. La Soča s'écoule étroitement entre les murs abrupts des gorges, qui atteignent par endroits une quinzaine de mètres. L'eau tantôt bleu turquoise, tantôt émeraude, semble tout tailler sur son passage. Le courant rebondit sur les parois, créant par endroits des tourbillons hypnotisants et donnant une forme arrondie à la roche. C'est sans conteste le plus bel endroit à voir dans cette région.
Le jeudi 22 septembre, c'est parti pour notre journée kayak. Nous avons prévu de descendre pendant 3-4h jusqu'au niveau des chutes de la Boka puis de remonter via le bus. Une belle promenade qui va virer au film d'aventure, mais nous étions loin de l'imaginer à cet instant !
L'eau de la Soča a beau être turquoise, elle est aussi très froide : aux alentours de 9 degrés ! Nous nous équipons de nos combinaisons et chaussons de surf et préférons aussi prendre nos casques de VTT vu que nous ne connaissons pas la dangerosité du parcours... Les premiers kilomètres se passent sans encombre : nous glissons tranquillement sur l'eau et prenons le temps d'admirer sa couleur tantôt translucide, tantôt insondable aux endroits les plus profonds. Puis arrivent les premiers rapides, et nous comprenons vite que la balade va être plus sportive que prévue. Nous prenons de bonnes sensations et maîtrisons plutôt bien notre coordination, avec Valentin qui crie « Gauche » ou « Droite » selon les coups de pagaies que je dois donner en renfort. Il faut être très réactifs, car le courant nous fait prendre beaucoup de vitesse et de gros rochers encombrent la rivière.
Alors que nous sommes presque venus à bout des rapides, une dernière difficulté nous prend de court. Notre kayak se retrouve bloqué par le courant contre un rocher. Pas d'autres choix que de nous mettre à l'eau et la rivière est tellement puissante qu'il est difficile de s'agripper aux pierres et de maintenir les pagaies. Valentin m'annonce qu'il va passer en premier le rapide, en tenant le kayak à la main. Je dois ensuite le suivre en suivant sa recommandation : me laissée porter sur le dos et bien tenir les pagaies. Je crois qu'à ce moment, je me dis qu'il est complétement fou, mais j'admets vite que nous n'avons pas d'autres choix. Heureusement, notre traversée se déroule bien et nous parvenons à remonter dans le kayak. Nous accostons sur une petite plage pour nous remettre de nos émotions et vider le kayak qui ressemble désormais à une véritable baignoire.
Nous espérons avoir passé les plus grosses difficultés, mais c'est sans compter l'arrivée d'une deuxième série de rapides, suivie d'un étroit canyon ! Alors que nous entamons la dernière chute, le kayak prend de la vitesse et nous venons frapper la paroi à l'entrée du canyon. Le kayak se retourne d'un seul coup. Tandis que Valentin remonte à bord, je me retrouve emmenée par le courant. S'en suit une traversée du canyon, en plein courant, cramponnée aux 2 pagaies et sur plus de 100 mètres qui me paraissent interminables. D'autant que je ne parviens pas à voir si Valentin s'en sort avec le kayak sans pagaies à l'arrière... Une fois sortie du canyon, je m'agrippe à un rocher et Valentin finit par voler à mon secours !
À peine remis de nos émotions, nous voyons au loin une nouvelle série de rapides. Les 3 heures ne s'étant pas du tout déroulées comme prévu, nous sommes déjà en fin de matinée. Nous repérons un accès à la rivière et décidons de sortir à cet endroit (ou plutôt je décrète que j'ai eu ma dose de sensations fortes pour un bout de temps et qu'il faut absolument quitter cette rivière maudite !!) 😉 Le problème c'est que nous ne sommes pas du tout au point d'arrivée repéré initialement. Nous marchons pendant un bon kilomètre jusqu'au village et tentons de repérer les bus : aucun avant le milieu d'après-midi. Nous demandons à des locaux s'il y a un restaurant, mais la seule auberge dans le village n'ouvre qu'à 13h.
Décidés à ne pas attendre ici, nous optons pour la solution du stop et à peine 2 voitures plus tard, une gentille dame s'arrête déjà. Elle nous parle de la région, dont elle est originaire, et nous apprend avec fierté qu'un film de Narnia a été tourné ici. Elle nous dépose juste à côté de notre camping et nous sommes extrêmement reconnaissants vu notre niveau de fatigue. A ce stade, nous ne rêvons plus que d'une longue douche chaude !
Le soir, nous visionnons les films enregistrés en continu pendant notre descente grâce au portable de Valentin. Des images en grande partie sous marine ou avec un kayak rempli à ras bord qui nous ont fait beaucoup rire. Comme quoi, on garde parfois un bon souvenir de nos pires aventures !