Ce tombeau sera votre tombeau !

14/03/2023

* "Astérix : mission Cléopâtre", pour ceux qui n'ont pas la référence 😉

Nous entamons la route du littoral bordant la Méditerranée, au sud ouest de la Turquie. Des routes abîmées nous font traverser quelques villages d'un autre temps. La ville de Dalyan apparaît, enclavée entre montagnes, lac, rivière et mer : un vrai paradis sur terre ! La région est réputée pour ses sources thermales et ses bains de boue, des spas qui accueillent les touristes en masse à la saison estivale. En février, tout est fermé. Mais heureusement, nous avons un endroit secret, gratuit et plus authentique. Une source d'eau chaude située le long de la rivière de Dalyan.

Nous arrivons le dimanche 12 février, en début d'après-midi et découvrons que plusieurs voyageurs sont déjà installés sur les lieux. Ce sont les retrouvailles avec les « Va comme le vent », une famille de St Nazaire, que nous avions croisé à 2 reprises en Grèce, et la rencontre avec les « Ainsdestructibles », une famille originaire de l'Ain. Nous ne tardons pas à aller profiter de la baignade dans les jolis bassins fumants. Les sources sont fréquentées des touristes et des locaux, qui vont et viennent avec leurs voitures. Un vrai lieu de mixité avec tous profils : un jeune couple d'étudiants turcs, une bande de copains trentenaires avec leurs bières, un allemand nudiste… Et notre favori : un vieux turc avec une moustache impressionnante, qui s'attribut le rôle de clown de la source, en enchaînant les blagues et faisant des bulles sous l'eau pour amuser la galerie !

Après notre baignade, nous rencontrons un autre habitant d'une soixantaine d'années. Ce monsieur nous explique qu'il possède aussi un camping-car donc nous lui proposons une visite de l'intérieur de Mammouth. Trop heureux, il appelle sa femme et les voilà qui s'extasient sur le lit pavillon, lorsque Valentin fait la démonstration de la descente au-dessus des sièges de conduite. Nous terminons cette rencontre, chargés de fruits et de noix, mais notre stock de chocolat à plat : le gourmand a bien tapé dedans lorsque nous lui en avons proposé 😉

Le soir, une promenade nous donne l'occasion de découvrir les bords du lac. Nous y trouvons des centaines de jolies ruches colorées et leur apiculteur en plein travail d'enfumage, qui consiste à simuler un incendie dans la ruche pour occuper les abeilles. Quelques paysans avec leurs vaches nous abordent, curieux de notre présence. Un troupeau de moutons en liberté, effrayés par notre passage, se répandent sur toute la route (Nous comprenons d'autant plus l'expression « Suivre comme un mouton » !). Le chant des muezzins s'élève des minuscules mosquées alentour, petite parenthèse au silence de la campagne.

Le lendemain, nous partons à pied afin de joindre la ville de Dalyan pour son attraction principale : les magnifiques tombeaux Lyciens de la cité de Kaunos. Comme il n'existe pas de sentier de randonnée officiel, nous repérons les chemins et décidons d'improviser notre propre circuit. Nous traversons une belle forêt de pin jusqu'à un point de vue sur la baie et ses caractéristiques uniques : d'ici nous pouvons admirer les marais formés à la rencontre entre la rivière et la mer. Nous amorçons la descente de la montagne en début d'après-midi et nous retrouvons rapidement perdus. Le chemin a disparu, nous sommes dans des pentes de caillasses abruptes, plus adaptées pour des chèvres que des humains. Quelques glissades sur les fesses plus tard, j'entends Valentin lancer un « Wahou » au loin.

Nous sommes arrivés au pied des tombeaux taillés dans la roche, au plus haut de la falaise. Notre âme d'enfant refait surface tandis que nous visitons ces incroyables tombes, tels des archéologues les découvrant pour la première fois. Ces sépultures, datées du IVème siècle avant JC, accueillaient les rois de Lycie. Bien que certaines furent condamnées par des murs afin de dissuader les voleurs, elles furent toutes pillées et réutilisées à l'époque Romaine.

Le spectacle continue tout au long de la descente, tandis que nous passons devant une dizaine de tombeaux avant de rejoindre la rive de la rivière. Nous découvrons alors une grande clôture et la cabane d'un gardien à l'entrée…. Vide. Nous sommes pris d'un gros doute sur l'accessibilité et la gratuité du lieu, et nous nous faisons donc tous petits en longeant la clôture sur une centaine de mètres. Nous trouvons finalement un accès pour sortir : ouf, nous ne resterons pas prisonniers des tombeaux de Dalyan !

Après avoir attendu 40min en plein soleil qu'un passeur nous fasse traverser la rivière dans sa barque (le moyen de transport local), nous découvrons le panorama splendide sur les vestiges depuis la ville… et constatons également à quel point notre séance d'exploration des tombeaux devait être visible vue d'ici. A priori, personne n'est là pour nous arrêter, nous poursuivons donc notre promenade dans cette agréable ville et les berges de sa rivière.

Nous sommes un peu tristes de quitter ce bel endroit le lendemain. Mais un autre projet nous attend sur les prochains jours : une randonnée le long de la voie Lycienne, le sentier le plus réputé de Turquie. Nous mettons Mammouth sur un minuscule bac, qui permet de joindre l'autre rive de la rivière. Puis nous faisons route vers l'immense plage de sable d'Iztuzu, située à l'Est de Dalyan et réputée comme lieu de ponte des tortues. 

Bien sûr, ce n'est pas du tout la bonne saison pour les observer, mais nous sommes venus pour visiter le sanctuaire de tortues Dekamer. Cette association est la seule œuvrant pour la protection des tortues de mer en Turquie et accueille gratuitement les visiteurs dans ses lieux, afin de les sensibiliser. Des affichages nous informent sur les principales causes meurtrières des tortues : l'étranglement dans des filets de pêche, l'ingestion de plastiques ou divers débris, mais aussi du fait de l'activité touristique. En effet, les bateaux de la région proposent des « Tortues tours » promettant aux touristes de pouvoir observer voire nager avec ces dernières. Les guides les attirent avec de la nourriture (parfois du poulet !), perturbant leurs réflexes de chasse naturels et les désorientant hors de leur zone d'habitat.

Nous rencontrons sur les lieux un biologiste, qui répond à nos questions sur l'activité de Dekamer. L'association intervient sur la protection des lieux de pontes, la surveillance des éclosions et la réhabilitation des tortues blessées. Quelques tortues rescapées sont présentes dans des bassins et leur état nous brise le cœur : carapace fendue par une hélice de bateau, traumatisme crânien entrainant des troubles de l'équilibre… L'une d'elles s'agite en permanence et le scientifique nous explique que, bien au contraire d'un signe de bonne santé, son activité est le fruit d'un grand trauma. Des années peuvent s'écouler avant que les conditions ne soient réunies pour les relâcher dans la nature. Elles sont ensuite suivies pendant plus d'un an à l'aide d'un GPS afin de surveiller leur évolution. Plus de 50% des rescapées souffrent de blessures trop profondes pour être sauvées.

Leur travail est courageux et titanesque dans un pays autant en retard sur la question environnementale. Peut-être que ce type d'initiative pourra davantage sensibiliser la population sur la question des déchets. Mais cette visite nous rappellent aussi notre responsabilité en tant que touristes, dont les loisirs de vacances sont aussi à l'origine de perturbations pour la faune, sans que la plupart n'en soient conscients.

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

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juin 06

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