Nous poursuivons notre découverte de la Lycie, de nouveau sur nos 4 roues. Aussi surnommée « la riviera Turque », cette région balnéaire s'étend entre Fethiye et Antalya et allie parfaitement soleil et histoire antique. Pour notre part, nous ne serons pas dérangés par les touristes en plein mois de février. Mais les températures exceptionnelles de ce début 2023 nous permettent tout de même de profiter d'un avant-goût d'été avec des journées avoisinant les 22 degrés et des séances de bronzette sur les jolies plages alentour. Quelques jours de détente appréciables et bien mérités après nos dernières aventures randonnesques ! Et comme les vestiges lyciens sont omniprésents dans la région, nous en profitons pour nous intéresser de plus près à cette civilisation antique un peu mystérieuse, à la réputation de pirates. Ils furent fortement influencés par les Grecs, dont ils adoptèrent peu à peu les divinités, l'alphabet et l'architecture mais conservèrent tout de même leurs propres cultes, notamment au travers de la construction des splendides tombeaux lyciens.
Kas
Après une étape sur la route dans la belle plage de Kaputas enclavée au milieu des falaises, nous voilà arrivés dans la ville balnéaire de Kas et sa grande marina, prisée par les russes en été. La ville est égayée par les maisons ottomanes rénovées et peintes de couleurs variées, le tout étant très charmant mais manquant d'authenticité à notre goût.
Nous nous échappons rapidement des restaurants et bars touristiques pour nous garer à quelques centaines de mètres du centre, face à un beau théâtre accessible gratuitement. Depuis les gradins, la vue est panoramique sur la mer et les îlots alentours, dont l'île grecque de Meis, située à seulement quelques kilomètres de la côte turque… Avec un environnement pareil, il devait être difficile de se concentrer sur les tragédies jouées à l'époque !
Uçagiz
Après la beauté un peu superficielle de Kas, quel bonheur de retrouver un petit village de pécheur isolé ! Pour nous y rendre, nous empruntons des petites routes bien pentues et défoncées, et garons Mammouth directement sur le port à notre arrivée. Le poste d'observation parfait pour regarder le ballet des bateaux de pêche. Nous voyons même quelques enfants en descendre le matin pour se rendre ensuite à leur car scolaire.
Le soir, nous ne trouvons qu'un seul restaurant ouvert, un genre de cantine de pêcheurs où se retrouvent les familles du coin. Nous sommes bien reçus et mangeons notre premier délicieux Menemen (œufs brouillés avec des oignons, tomates et poivrons). Comme il n'a pas de dessert à nous proposer, le patron nous offre gentiment de la pâte de Tahini… Un goût spécial et un aspect assez douteux qui nous fait demander si ce dessert n'a pas été roulé sous les aisselles ! ;)
La petite mosquée et le chant de quelques coqs résonnent de temps en temps et rythment la journée d'un peu d'animation. Nous nous égarons dans les ruelles et observons les curiosités culturelles qui font tout le charme de l'endroit : les chaussures laissées à l'extérieur près du tapis (en Turquie, on rentre dans les maisons déchaussés), les vêtements qui flottent à l'air libre un peu partout, les bidons d'huile d'olive recyclés en pots de fleurs, les nazars (œil de protection) pendus aux arbres…
Sur le chemin côtier, à quelques centaines de mètres du village, se dresse le reste d'un cimetière Lycien que nous partons explorer. Des archéologues pas des plus alertes, puisque je loupe la marche d'un tombeau et fait une grosse chute, terminant, après plusieurs rebonds, dans un buisson épineux. Rien de cassé heureusement, mais de beaux bleus qui resteront un petit moment en souvenir… Peut-être ces tombeaux étaient-ils maudits ?
Kekova
La magnifique baie d'Uçagiz est ponctuée d'îlots. Celui de Kekova, abrite une ancienne cité engloutie dont l'histoire remonterait à l'antiquité. La cité alors appelée Apollonia était occupée par les lyciens puis les grecs. Un important tremblement de terre intervenu au cours du 2ème siècle aurait provoqué l'affaissement du terrain et l'engloutissement d'une majorité du port et de la cité, conduisant à son effondrement.
Nous sortons le kayak pour l'explorer par nos propres moyens, l'unique accès se faisant normalement avec les bateaux de touristes au départ de Kas (ce qui ne nous dit guère). Finalement l'îlot n'est pas loin, et nous accostons après 40min de rame sur une petite plage, le seul endroit autorisé ! Première désillusion : le lieu présenté comme une zone protégée, avec interdiction de s'y baigner ou de jeter l'ancre, se révèle jonché de déchets. On est loin de la crique sauvage et paradisiaque pour cette fois. Nous repartons et Val s'équipe de son masque pour pouvoir observer les ruines sous l'eau depuis le kayak. Oui, nous respectons la réglementation, mais la détournons à notre avantage !
Bientôt nous discernons les restes de murs en pierre au fond de la mer, ainsi que des vestiges bien visibles au bord de l'eau : des marches, des restes de maisons, l'arche d'une porte… Mais nous avons beau chercher, nous ne trouvons pas les amphores englouties dont parlaient le guide. Jusqu'à que je repère une énorme amphore à quelques mètres de nous. Ah non… à y regarder de plus près, il s'agit simplement d'un vieux pneu au fond de l'eau … Il faudra encore attendre quelques centaines d'années avant qu'il ne gagne son statut d'antiquité... Et peut-être une meilleure préservation pour que Kekova soit inscrite au patrimoine de l'UNESCO, comme le souhaiterait le gouvernement turc.
Deuxième étape de la journée, nous partons en direction de la presqu'île adjacente et son village de Kaleköy, accessible uniquement par la mer. Nous faisons une arrivée remarquée directement dans le petit port et attachons fièrement le kayak, au milieu des autres embarcations (Bon, ok, il fait un peu tâche…). Au-delà du joli village, le principal point d'intérêt est la visite de l'ancienne cité de Simena.
Une impressionnante forteresse de l'époque des croisés surplombe la mer et l'on retrouve ici aussi une nécropole de tombeaux lyciens (dans laquelle je regarde bien où je mets les pieds). Nous passons un petit moment chez une vielle dame qui tient un café, la regardant presser des centaines de citrons afin de préparer du jus qu'elle congèlera, pour ensuite préparer des sorbets tout l'été. Nous sommes heureux de cette rencontre... avant que je ne me fasse arnaquer en beauté sur le prix de mon café par cette gentille villageoise. On retiendra qu'en Turquie, il faut toujours demander le prix avant de commander !
Encore un site archéologique à notre palmarès (nous allons vraiment devenir des spécialistes). Mais avec la présence d'une curiosité cette fois : des figures sculptées dans les colonnades et frontons exhumés. Parfois réalistes, malgré leur air hébété, parfois franchement horrifiants, ils représentent les masques de comédies, jouées dans le théâtre romain de la cité. Je prends la pose pour vous dans une belle imitation, que j'espère vous apprécierez.
Mais la richesse du site réside dans les tombeaux lyciens disséminés le long de la falaise, encore plus majestueux que ceux de Dalyan. En y regardant de plus près avec les jumelles, nous découvrons même une belle fresque préservée, d'un enfant tendant son bouquet à son père. Malgré son emplacement enclavé au milieu des serres, qui ne crée pas un environnement des plus esthétiques, nous avons beaucoup apprécié ce petit site pour son originalité.
Ces quelques jours de repos nous aurons fait le plus grand bien, et il nous reste encore beaucoup à découvrir le long de la côte Lycienne, avant d'atteindre Antalya. Mais plus seulement à deux, puisque nous avons prévu de retrouver pour plusieurs jours quelques familles croisées en Grèce !
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