Istanbul : le cœur du monde

24/05/2023

S'il fallait se représenter le centre du monde, sans doute qu'Istanbul pourrait assumer cette attribution. Rares sont les villes qui semblent aussi bien résumer l'aventure de l'humanité, ses plus grands empires et les contrastes de notre société actuelle. Fondée par les Grecs, elle fut d'abord Byzance, avant de se changer en Constantinople sous l'empire Romain. Sous le règne des sultans, elle deviendra Istanbul, la capitale de l'empire Ottoman jusqu'en 1923. Atatürk lui préfèrera alors Ankara afin de tirer un trait sur l'histoire impériale.

4ème plus grande ville au monde, avec ses 15 millions d'habitants, elle est bien plus peuplée que la majorité des pays que nous avons visités dans les Balkans. Istanbul c'est aussi une passerelle entre deux continents, Asie et Europe, simplement séparés par l'imposant détroit du Bosphore. Cet emplacement unique, à cheval entre deux mondes, participe à cette impression d'une immense mosaïque humaine : à la fois antique et moderne, animée de ferveur religieuse et de soif d'émancipation, de misère et de tape à l'œil, de nationalisme et cosmopolitisme…

Une visite prometteuse que nous avions particulièrement hâte d'arpenter, d'autant que nous sommes rejoints pour l'occasion par Néomie, ma petite sœur, pour un séjour d'une semaine. Nous laissons Mammouth dans un parking sécurisé près de l'aéroport (bien heureux de ne pas nous engager avec dans cette fourmilière) et rejoignons notre Airbnb loué dans le quartier central de Beyoglu en taxi. Néomie fait le trajet de son côté… car nous ne nous sommes pas donnés rendez-vous au bon aéroport ! Le séjour commence bien 😉

Nous le découvrirons très vite, Istanbul est une vraie expérience : à la fois vibrante, fascinante et touchante. Voici donc un petit résumé de nos découvertes lors de cette semaine Stambouliote, mêlée de lieux incontournables et d'expériences hors sentiers battus !

Quartier de Sultanahmet

Cœur historique d'Istanbul, c'est le lieu de passage obligé pour tout touriste venu contempler les merveilles de la ville. Les principaux points d'intérêts sont plutôt regroupés géographiquement et accessibles à pied (même si sans s'en rendre compte, on enchaîne vite les kilomètres à Istanbul). S'il est magnifique, ce quartier est aussi ultra-touristique, voir étouffant par endroits. Nous pouvons donc conseiller d'y venir en tout début de journée, de ne pas trop s'y attarder en dehors des visites et surtout de fuir ses restaurants.

  • La Mosquée Sainte Sophie

Véritable reine d'Istanbul, l'histoire de cet édifice est assez extraordinaire : bâtie en tant qu'église en 537 par l'empereur Justinien, elle sera transformée en mosquée en 1453 puis déclarée musée national en 1935… avant qu'Erdogan ne décide de la rouvrir en tant que mosquée en 2020. Elle est donc accessible gratuitement en dehors des heures de prières, à condition de jouer des coudes dans l'immense queue qui se crée à son entrée dès le petit matin. Nous avons abandonné une première fois puis saisi notre chance 2 jours plus tard, à un moment où la foule s'était un peu amoindrie.

L'intérieur de l'édifice est à couper le souffle, entre la taille de sa coupole (56m de haut) et le mélange hérité de sa tumultueuse histoire : des mosaïques du Christ côtoient d'énormes médaillons ottomans à la gloire d'Allah.

  • Le Palais Tokpaki

Si nous n'avions qu'une seule visite à conseiller à Istanbul, ce serait celle de ce palais Ottoman, érigé sur les hauteurs du Bosphore au IVe siècle. Certes, l'entrée n'est pas donnée (35€ pour la visite complète avec le harem), mais le lieu est splendide et nous a transporté dans l'ambiance des contes des milles et une nuit pendant près de 3 heures !

Parmi les parties accessibles, nous avons pu arpenter les jardins, bibliothèques, nombreux pavillons (aux décorations toutes plus grandioses les unes que les autres), le trésor impérial et sa collection incroyable de vaisselle, bijoux, épées… et bien sûr l'incroyable harem qui fut la plus belle partie de cette visite. Signifiant « privé », le mot harem désignait les appartements de la famille impériale et bien sûr de la multitude de concubines du sultan, qui étaient des étrangères achetées en tant qu'esclaves pour leur beauté... Bon, il faut passer outre le côté anti-féministe de la visite 😉 Les appartements de la Mère du Sultan nous ont particulièrement impressionnés, car nous étions loin d'imaginer le pouvoir que pouvait conférer cette position à l'époque.


  • La Mosquée bleue

Faisant face à la Mosquée Ste Sophie, cette autre magnifique mosquée construite en 1617 attire tous les regards par son imposante mais gracieuse silhouette. Malheureusement, elle était fermée pour travaux lors de notre venue et nous n'avons donc pas pu admirer son intérieur et les fameux carreaux bleus qui lui valurent son surnom. Pour nous consoler, nous visitons le tombeau du sultan Ahmet situé non loin (très belle découverte), et contemplons la foule de somptueuses fontaines du quartier.

  • Le Grand bazar

Nous ne nous sommes pas attardés dans ses venelles labyrinthiques, pourtant présentées comme incontournables lors d'une visite d'Istanbul. Ce Grand Bazar nous a semblé plus folklorique et attrape-touristes (bonjour la contrefaçon chinoise !) qu'un authentique marché turc comme nous avons pu le vivre à Konya. Les nombreux rabatteurs ont aussi participé à nous faire fuir, même si l'ambiance est quand même moins oppressante qu'au souk de Marrakech par exemple.

Quartier de Beyoglu

Sur la rive européenne, c'est le quartier où nous avions eu la bonne idée de réserver notre Airbnb, près de la place Istiklkal. Nous n'avons pas été déçus, car nous étions parfaitement placés pour accéder aux différents moyens de transport (avec tram, métro, bus, et bateaux bus) et le quartier s'est révélé être un lieu de vie qui nous a beaucoup plu. A la fois authentique avec ses petits restaurants turcs, ses bouis-bouis et épiceries, et bohème avec tous ses antiquaires et boutiques tendances… 

C'est aussi un endroit qui s'anime le soir avec de nombreux bars (servant de l'alcool – ce que l'on ne trouve pas partout en Turquie). Nous n'avions donc pas à aller bien loin pour trouver de quoi profiter d'un bon Kavalte (le brunch à la Turque, une première pour Néo), d'une soirée au pub avec nos copains Juliette et Gab et d'un bar avec musique traditionnel pour notre dernier soir !


  • Le Pont de Galata

Quelle scène atypique que cette centaine de pécheurs qui alignent leurs cannes sur ce grand pont, qu'importe l'heure de la journée, survolés d'un tourbillon de mouettes ! Les poissons sont ensuite revendus sur le port au pied du pont, sur des étals ou directement en sandwich… mais quand on voit la pollution du Bosphore cela ne nous tente pas trop 😉

  • Tour de Galata

Cette jolie tour cylindrique du 14e coiffe le quartier, nous permettant de nous repérer dans le dédale de ruelles escarpées. Le quartier est agréable, profusion de cafés et boutiques sympas dans lesquelles flâner. Par contre nous ne monterons pas en haut de la tour (qui offre à priori une vue à 360°) : à 15€ et 1h de queue, cela nous semblait un peu cher la vue !


  • L'avenue Istiklal

Principale artère piétonne de Beyoglu, elle est traversée par le mignon tramway vintage et ponctuées de beaux bâtiments du 19e et d'une belle église catholique. C'est l'endroit incontournable pour une virée shopping puisque l'on y retrouve quelques grandes enseignes connues ainsi que d'autres plus exotiques (LC Waikiki est le H&M local, qui se souvient de cette marque au singe des années 90 ?).

  • Les faubourgs du Bosphore

Nous poussons l'exploration un peu plus haut, sur les rives du Bosphore. Là se cachent d'autres pépites architecturales : la tour de l'Horloge, le palais Dolmabahçe (que nous avons admiré de l'extérieur) et la belle mosquée du même nom, avec son ambiance si apaisante… à part quand un chat réussit à se faufiler à l'intérieur, se faisant courser par le gardien des lieux 😉 Un petit café au soleil dans un bar surplombant le détroit nous permet de profiter d'une belle vue sur la rive asiatique. Petite déception cependant : les bords de l'eau ne sont pas du tout accessibles à la balade dans cette partie de la ville.


Quartier Fener, Berat et Fatih

Nous vivons notre première expérience du « vapur », les nombreux bateaux-bus qui arpentent le Bosphore, afin de nous rendre sur les rives du quartier Fener.

  • Fener et Berat : ces ruelles colorées, friperies et cafés hipsters sont bien connues des instagrammeurs. Ici, nous croisons des jeunes aux looks branchés et la population est encore plus cosmopolite. En-dehors du côté un peu trop vitrine, nous apprécions que ces anciennes petites maisons de pêcheurs aient été bien réhabilitées. Nous montons une volée de marches et arrivons aux pieds du magnifique Lycée Grec Orthodoxe et sa façade de briques rouges, le plus ancien établissement scolaire du pays.

  • Encore quelques ruelles bien pentues et nous arrivons à Fatih, qui, nous l'apprendrons au fil de la visite, est le quartier le plus conservateur de la ville avec une grosse population d'immigrés Syriens. Effectivement, le contraste avec les looks branchés de la rive nous saisit : ici c'est burka et kufi (chapeau porté par les hommes), même pour les petits garçons. Il est assez désorientant de noter un tel changement d'ambiance en l'espace de quelques rues. Une fois ce petit choc passé, nous apprécions particulièrement la visite de ce quartier très riche en artisanat : bijoutiers, ferronnerie, calligraphie… Nous y retournerons d'ailleurs pour le grand marché du mercredi (le plus grand d'Istanbul), très fréquenté des habitants qui y achètent alimentation, textile et articles pour la maison. Alors que nous cherchons un restaurant, un gendarme s'approche pour nous expliquer que nous ne trouverons pas dans ce quartier : c'est le ramadan, et contrairement au reste de la ville, ici il est très respecté. Nous terminons notre balade par la Mosquée de Fatih, peu connue des touristes, mais  très impressionnante.

Quartier Kadiköy

Nous empruntons de nouveau le vapur, pour la grande traversée du Bosphore et la visite d'un petit bout de la partie asiatique. Nous avions lu beaucoup d'éloges du quartier de Kadiköy, qui nous avaient donné envie de le découvrir : nouveau quartier de la jeunesse et haut lieu du street-art Stambouliote. L'ambiance sur les quais et dans le centre est effectivement très agréable et plus détendue que sur l'autre rive, avec ses vendeurs de Simit (pains au sésame dont nous raffolons), ses cafés au bord des quais et ses musiciens… Par contre nous n'avons pas trouvé beaucoup de fresques (sans doute que nous n'étions pas au bout endroit) !

Finalement, nous nous éloignons un peu et trouvons un petit restaurant qui ne paie pas de mine où nous mangeons comme des rois pour rien du tout… A la recherche du plus grand bazar couvert de la ville, nous trouvons l'endroit fermé. Mais cette virée nous aura permis d'arpenter des quartiers plus éloignés et la dure réalité des bidonvilles côtoyant les buildings flambant neufs.

Il faut avoir le cœur bien accroché à Istanbul car la misère y est très présente : tous les soirs, nous voyons des dames (sans doute syriennes) ouvrir des sacs poubelles et manger le contenu à même le trottoir avec leurs enfants.

Quartier Kasimpasa : le hammam

Pas question de repartir de Turquie sans avoir vécu l'expérience d'un vrai bain à la turque ! Nous avions donc entrepris de chercher le hammam le plus authentique possible, et nous sommes rendus dans un quartier plus éloigné au « Büyûk Hamam Kasimpasa ». Les hammams hommes et femmes sont évidemment séparés (c'est d'ailleurs un bon indice pour reconnaître un endroit traditionnel d'un lieu pour touristes) : nous laissons donc Val de son côté !

Les dames semblent un peu surprises de notre présence et ne parlent pas anglais, mais la langue des signes fait l'affaire. Nous nous mettons en culotte puis elles nous installent près d'un bidet où nous pouvons nous rincer en nous aspergeant avec une bassine. Nous alternons ensuite entre le sauna et ce petit point d'eau pour nous rafraîchir, avant d'être amenées sur une large table de marbre au centre de la pièce. On nous applique un gommage bien énergique, puis nous goûtons au traditionnel massage turc à la mousse savonneuse (une tuerie, on a l'impression de flotter dans un nuage !). Enfin, nous terminons par un shampoing qui décolle bien le cuir chevelu (nous passerons ensuite 15min à démêler notre tignasse) et quelques bassines dans la figure pour nous rincer… 

Nous sommes loin de l'ambiance relaxante et délicate des spas français, mais nous nous sentons plus propres que jamais 😉 Nous avons aussi beaucoup apprécié la simplicité et la bienveillance de l'endroit : aucune gêne quant à la nudité (même les masseuses sont en culottes), un mélange de femmes de tout âge qui discutent joyeusement qui viennent avec leurs petites filles … Une chance de grandir en étant entourées de « vrais corps », qui engendre peut-être moins de complexes que notre pudeur occidentale qui ne donne à voir que des corps photoshopés.

Il est déjà le temps de dire aurevoir à Istanbul, ville au cœur battant, qui ne s'arrête jamais. Nous aurons tout de même un petit contrecoup de fatigue après une semaine dans cette agitation perpétuelle et ces découvertes intenses. Mais, nous avons été séduits par l'accueil, très chaleureux, comme souvent en Turquie. Sa riche histoire, ses sites incroyables et son ambiance orientale dépaysante en font un endroit à voir dans sa vie, pour qui veut voir « le cœur du monde » !

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

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juin 06

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