Mécanique bien huilée

10/02/2023

Il fait un grand soleil le mercredi 18 janvier : parfait car nous avons prévu de visiter le site antique de Delphes. Alors que nous nous engageons sur les premières routes de montagne, le voyant d'huile moteur attire notre attention. Il a tendance à « clignoter » de temps en temps depuis le début du voyage, sans véritable raison, mais cette fois, il ne disparaît pas. Nous trouvons un dégagement pour nous arrêter sur le côté, Valentin ouvre le capot... et me fait un signe qui ne présage rien de bon. Nous venons de faire une véritable vidange d'huile sur la route et il y en a plein le moteur. 2 mois sans aucun pépin, cela commençait à être limite louche ! 

Autant dire que nous ne pouvons pas rouler plus longtemps sans risquer d'endommager Mammouth. Après quelques recherches, nous repérons un tout petit garage à Itea, le village précédent. J'appelle pour vérifier, mais le monsieur me raccroche au nez alors que j'essaye de lui parler en anglais. Pas sûr que l'on soit les bienvenus... Mais c'est à seulement 10 minutes de route et c'est surtout notre seule option, nous décidons donc de tenter notre chance ; en remettant le peu d'huile qu'il nous reste pour préserver le moteur sur ces quelques kilomètres.

Arrivés sur place, nous tombons dans « la rue des garages » comme on en trouve souvent dans cette partie de l'Europe : une multitude d'électriciens, magasins de pneus, réparateurs sont alignés les uns à côtés des autres. Nous devrions trouver notre bonheur ! Après nous être présentés dans 2 garages, nous obtenons le contact d'un garage situé quelques mètres plus loin et spécialiste des véhicules utilitaires. Il s'agit de notre dernière chance et cette fois, c'est la bonne, nous y trouvons 2 grecs d'une bonne soixantaine d'années, très sympas et qui nous donnent rendez-vous le lendemain matin.

Après nous être garés sur le port, nous passons l'après-midi à Itea en essayant de profiter du beau temps, malgré la tournure imprévue de cette journée. C'est l'occasion de manger dans une petite taverne grecque, où la dame nous accueille chaleureusement. Nous sommes ses seuls clients, hormis le va-et-vient des locaux qui viennent chercher leur déjeuner à emporter. Elle nous emmène en cuisine et soulève les couvercles de ses marmites pour nous laisser choisir notre plat. Ce sera du bœuf mijoté avec des kritharakis, de petites pâtes en forme de grain de riz au lait de brebis et aux œufs que nous n'avions pas encore pu goûter.

Le lendemain, nous sommes reçus par les 2 garagistes et l'un de leur ami qui parle un peu anglais. Le diagnostic semble confirmer ce que nous pressentions : nous avons une durite d'huile percée. Reste à savoir s'ils vont être en mesure de la remplacer en trouvant un modèle compatible... Nous essayons de rester positifs pendant qu'ils travaillent et sympathisons avec leur ami. Celui-ci nous offre même des cafés, qu'il commande et qui arrivent livrés par scooter. Le café en Grèce, c'est une véritable religion ! Valentin doit s'absenter vers 11h, car il a profité de notre arrêt en ville pour prendre un rendez-vous chez le coiffeur. Evidemment, c'est pendant son absence que le mécanicien vient me trouver, un peu embêté. Son ami m'explique qu'il a terminé le montage d'une nouvelle durite (très bonne nouvelle) et souhaiterait faire des tests de démarrage. Je sors donc les clés de ma poche et lui dit que je vais le démarrer. Ils me regardent avec des yeux comme des billes tandis que je mets le contact de Mammouth et fais les essais d'accélération avec eux. Une femme au volant d'un camping-car, cela leur a semblé bien surprenant manifestement !

Valentin revient peu après, avec sa coupe de cheveux toute fraîche, et je lui annonce le rétablissement de Mammouth ! Une fois encore, nous ne pouvons qu'apprécier la gentillesse et la réactivité de ces garagistes trouvés sur notre route. Si l'on met de côté l'aspect stressant de ces pannes, c'est à chaque fois l'occasion de faire de belles rencontres et de nous immerger pleinement dans la vie locale.

Maintenant que nous avons retrouvé une mécanique normalement huilée, nous allons pouvoir visiter Delphes dès l'après-midi ! A l'antiquité, le village était célèbre pour son oracle, où la pythie (une jeune delphienne) donnait ses audiences aux grecs désireux de connaître leur destin. C'était aussi le haut lieu du culte d'Apollon, dieu des arts, auquel les fidèles déposaient des offrandes. Dans son sanctuaire, les cités bâtissaient des édifices et offraient trésors et statues pour s'attirer la protection du dieu.

Niché au milieu des montagnes et surplombant des gorges, la situation du site est vraiment exceptionnelle. Après avoir visité le sanctuaire d'Apollon puis cela d'Athéna, nous trouvons les vestiges néanmoins moins impressionnants que d'autres sites, la grande majorité ayant été détruits ou pillés. Le musée lui est une belle surprise, avec les pièces les plus belles et originales que nous ayons pu admirer en Grèce, notamment un sphinx que nous ne nous attendions pas à voir ici ! Après la visite, il est déjà tard pour redescendre de la montagne et nous décidons de passer la nuit en haut. Nous rencontrons un berger et ses chiens, pas très contents de voir Cassia et qui nous aboient dessus pour défendre le troupeau. Comme pour s'excuser de leur comportement, il toque à notre porte quelques minutes plus tard pour nous offrir des clémentines :)

Après une bonne journée de route et de tâches diverses (Courses, lessives - et oui c'est cela aussi le voyage...), nous reprenons la direction de la montagne avec une petite idée d'excursion derrière la tête. Nous avons repéré une randonnée pour le Mont Ossa, situé non loin du Mont Olympe et la mer Egée. Après une nuit dans un petit village de Spilia à 800m d'altitude, nous partons de bon matin pour cette journée bien sportive. Au programme 7 heures de marche et 1200 mètres de dénivelé positif : il va falloir s'accrocher. Mais les quelques surprises de l'hiver grec viennent vite nous faire oublier les efforts, entre la chaîne du mont Olympe enneigée et l'apparition d'un beau tapis blanc sous nos pieds dès le début de l'ascension.

Les premiers kilomètres sont assez glissants, avec quelques belles plaques de verglas qui nous donnent du fil à retordre et devant lesquelles nous hésitons à faire demi-tour. Mais une fois la couche de neige devenue plus épaisse, il est plus facile de marcher sans glisser. Alors que nous marchons depuis 4 heures, Cassia fait la folle en enchainant les sauts et dérapages

Il est midi passé lorsque nous parvenons au sommet, précédés d'un groupe de randonneurs grecs, dont certains sont équipés comme des alpinistes. La vue est complétement bouchée par les nuages, mais nous sommes heureux quand même : les 1978 mètres d'altitude sont atteints ! Par contre, il doit bien faire - 10 000 degrés avec un vent glacial, on se croirait arrivés sur une autre planète pas très accueillante. Nous immortalisons les randonneurs pour leur photo de groupe, sur laquelle Cassia s'incruste, puis leur disons au revoir tandis qu'ils reprennent la route vers la descente.

A ce stade, nous hésitons à les suivre car il nous parait impossible de pique-niquer ici sans mourir de froid. C'est alors que nous découvrons que la plateforme recouverte de neige où nous nous tenons est en réalité un toit : celui d'une chapelle creusée dans la montagne. Nous pénétrons à l'intérieur, très heureux de trouver cet endroit à l'abri du vent, malgré l'absence d'électricité et la décoration légèrement sinistre des icônes orthodoxes.

Finalement, le retour se fait sous le soleil et nous retrouvons vite quelques degrés au cours de la descente. Les paysages sont magnifiques du début à la fin : notre plus belle randonnée en Grèce sans hésitation. Surtout, cela nous aura permis de renouer avec la neige et la montagne avant la Turquie. Et d'entretenir, nous aussi, notre mécanique bien huilée !

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

Nous avons compté les jours, ces derniers temps… Et arrive enfin le 26 mai, date de retrouvailles avec mes deux copains Dorian et Fraga. Ils viennent de France pour passer 5 jours avec nous en Albanie, en vadrouille dans Mammouth ! Une escale à Bari et surtout un retard d'avion plus tard, les voilà arrivés à l'aéroport de Tirana !!!...

Après avoir bien profité du sud de l'Albanie et son ensoleillement, nous mettons cap vers le nord et ses montagnes ! Le mercredi 17 mai, nous arrivons dans la ville de Shkodër, à la frontière du Monténégro, qui nous servira de base pour garer Mammouth le temps d'explorer cette région. Et oui, par ici les routes ne sont pas DU...