Nouveau continent, nouvelle échelle

22/02/2023

Après 550 km parcourus en 3 jours, pour remonter tout au nord de la Grèce, accompagnés par une vague de grand froid qui nous force à empiler les couches de vêtements d'hiver, nous atteignons enfin la ville de Didymotique. Nous y fonçons chez la vétérinaire pour récupérer les précieux papiers nécessaires au passage de frontière de la Turquie avec Cassia. Cela n'aura pas été une mince affaire ce test antirabique, mais nous y serons venus à bout ! Un conseil : si vous voyagez avec votre chien, faites le nécessaire en France car les délais dans certains pays ne sont pas du tout les mêmes ! Au cours de cette aventure, nous aurons tout de même sympathisé avec la vétérinaire et son assistant, lequel nous fait promettre de lui envoyer des photos et d'élire quel pays de la Turquie ou de la Grèce nous aurons préféré.


Nous nous dirigeons vers la frontière Turque le vendredi 27 janvier. Surprise : nous passons sans encombre, si ce n'est le délai d'attente plutôt long d'1h30. Les formalités se révèlent assez simple : une photo-portrait de chacun, un douanier qui scrute rapidement dans Mammouth et nous demande d'ouvrir quelques placards... Finalement personne ne nous demande le passeport de Cassia, nous sommes presque vexés après tous ces efforts... Mais au moins, nous serons en règle pour rentrer de nouveau en Union Européenne, ce qui est quand même le principal !

Nous voilà en Turquie avec 3 mois de visa et les premiers kilomètres sont un peu euphorisants : il faut dire que chaque nouveau pays traversé est un recommencement, la promesse de nouvelles découvertes et un sentiment de liberté assez grisant nous envahi. Nous constatons immédiatement la fiérté nationaliste du pays, se matérialisant par des drapeaux absolument partout, alors que nous sommes dans des terres peu habitées. Côté paysage, c'est loin d'être le nirvana : nous traversons des plaines agricoles, c'est plat et les vaches cohabitent avec les autoroutes. Celles-ci sont d'ailleurs resplendissantes à côté des routes Grecques, véritables symboles de l'ère Erdogan qui s'est attelé à moderniser les infrastructures du pays depuis 20 ans. Nous découvrons des panneaux affichant des photos d'un pont et « Tesekkurler Erdogan » (Merci Erdogan ). Cela met dans l'ambiance.

Nous faisons notre premier arrêt dans une station-service, afin d'obtenir des renseignements sur la vignette nécessaire pour payer l'autoroute ici : l'occasion de découvrir que peu de turcs parlent anglais. Une impression qui sera belle et bien validée plus tard. Il va falloir nous mettre au turc, mais pour l'instant nous nous contentons de « Merhaba » (bonjour) comme seul vocabulaire. Bientôt, nous passons devant une immense mosquée, qui vient nous rappeler que plus de 90% de la population du pays est de confession musulmane. Par contre la Turquie est une république laïque, où état et religion sont séparés depuis 1937. Nous avons hâte d'en apprendre encore plus sur cette religion, qui n'était pas très présente dans les pays que nous avons visité après la Bosnie.

Cannakale

Enfin, nous empruntons un immense pont, nous permettant de passer de la péninsule de Galipoli au continent. Ca y est, nous avons les roues sur le continent Asiatique ! Après deux bonnes heures de route, nous choisissons la ville de Cannakale comme première étape, afin de pouvoir régler quelques formalités (monnaie, cartes SIM). C'est là que nous vivons notre premier choc culturel : nous débarquons à 17h dans une ville bruyante, grouillante de monde et de circulation. Les klaxons vont bon train, les scooters roulent en sens inverse et les passages piétons sont aux oubliettes. Pourtant, sur la carte, Cannakale nous avait paru petite, en comparaison des grandes villes comme Bursa ou Izmir. Nous comprenons alors que nous sommes passés sur une toute autre échelle que les pays traversés jusqu'à maintenant : ici le territoire est immense et nous n'avons plus affaire à de grandes villes mais à de vraies mégalopoles.

Heureusement, nous trouvons rapidement un parking dans le centre-ville, où le gardien nous propose de passer la nuit pour 100 LR (5€). Ce n'était pas notre plan de départ mais épuisés par la journée et l'agitation ambiante, nous acceptons de bon cœur. En nous promenant, nous tombons immédiatement dans le quartier du marché couvert et des poissonniers, où la foule se presse pour faire ses courses en ce vendredi soir. Un grand portrait d'Erdogan nous toise depuis le haut d'un immeuble. Nous marchons jusqu'au port où nous observons quelques jeunes turcs pêcher. La jeunesse de la population nous frappe immédiatement, un vrai contraste avec la Grèce. Nous apprendrons effectivement que l'âge moyen en Turquie n'est que de 33 ans, bien en dessous des pays Européens. 

Nous profitons de notre venue dans la ville pour aller observer la fameuse représentation du cheval de Troie, celle même qui a été utilisée pour le film Hollywoodien sorti en 2004, avec Brad Pitt et Orlando Bloom (Grand souvenir de jeunesse je l'avoue !). Puis nous plongeons dans les rues commerçantes qui sont un vrai capharnaüm. Signalisations, couleurs et multitude d'échoppes et de magasins nous agressent et noient nos cerveaux d'informations. Nous sommes très loin des petits villages grecs à l'atmosphère si reposante et nous sentons qu'il va falloir faire preuve d'adaptation à ce nouvel environnement.

Finalement, nous passons une nuit étonnamment calme vu l'emplacement de notre parking, sans doute étions nous vraiment fatigués par toute cette route. Valentin n'entend même pas le premier appel à la prière de la journée, qui résonne dans la ville aux alentours de 7 heures. Nous quittons Cannakale de bon matin le samedi, frappés de découvrir une ville encore endormie et seulement quelques personnes dans les rues : l'avenir nous le dira mais les turcs ne semblent pas être très matinaux !

Ayvalik

Notre prochaine étape est la ville d'Ayvalik, ancien port de pêche grec et indiquée dans le guide comme une étape agréable et pittoresque. C'est une jolie ville dans laquelle l'ambiance orientale est palpable. Dans des ruelles étroites se pressent passants, scooters et vieilles voitures (les Renault 9 sont partout !). Des pécheurs ramassent leurs filets sur le port et les turcs profitent du week-end en terrasse, avec çai (thé turc), café ou narguilé. Nous constatons rapidement que les déchets et les animaux errants sont omniprésents, encore plus qu'en Grèce. Et c'est dans cette ville que nous connaissons notre première mésaventure en Turquie, quand au détour d'un parking nous tombons sur 2 chiens pas très contents de voir Cassia. S'en suit une course poursuite dans le dédale de rues, moi devant tirant Cassia par la laisse, et Val derrière, essayant de les faire fuir. Il se résigne vite quand les chiens se mettent à lui montrer les crocs et nous courrons de plus belle. Ayvalik c'était donc sympa au départ, mais nous n'en garderons pas forcément un bon souvenir à cause de cet incident.

Foca


Heureusement, la ville de Foca vient rapidement sauver nos premiers jours en Turquie. Nous y découvrons une ambiance balnéaire agréable en cette saison (mais sans doute infernale l'été), un joli port bordé de bateaux colorés, restaurants et petites ruelles pavées. Et surtout des chiens sympas ! Le soleil est de retour et nous en profitons pour partir à la découverte de la ville à vélo. Nous assistons à l'arrivée d'un énorme Pélican, s'invitant au milieu du port pour quémander quelques poissons. 

Les chats bronzent un peu partout, dans les filets de pêche et sur les barques recouvertes de tapis turcs traditionnels. Les maisons et les arbres sont partout décorés du Nazar Boncuk, le fameux œil de protection selon la superstition locale. D'ailleurs, nous faisons nous aussi l'achat d'un beau Nazar en pâte de verre pour Mammouth, espérons que cela protège son moteur pour le reste du voyage !


C'est aussi à Foca que nous vivons notre premier dimanche à la Turque. Alors que nous sommes installés sur une petite langue de terre face à la ville, nous voyons débarquer voitures, 4x4 et van autour de nous. Les familles sortent leurs chaises et tables de camping, le thermos de çaï (thé turc), le pique-nique voire le barbecue. La journée s'écoule lentement, tandis qu'ils pèchent ou refont le monde face à la mer, pendant que les enfants jouent dans le sable. Même dans le centre-ville, le moindre ponton est occupé par des couples ou bandes d'amis installés sur leurs petites chaises pliantes de camping. Cela nous fait beaucoup rire : Décathlon a dû faire un tabac ici. 

Ce serait encore mieux si nous n'avions pas découvert bouteilles de bières vides et divers déchets, laissés après leur passage malgré la présence de poubelles. Hormis ce désagrément, nous apprécions pour la première fois l'hospitalité Turque dont nous avions beaucoup entendu parler. Plusieurs familles viennent nous saluer, puis nos voisines, une maman et sa fille étudiante, viennent carrément nous offrir le café et discuter avec nous.

Finalement, après un peu d'acclimatation, cette arrivée en Turquie est prometteuse ! 

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

Nous avons compté les jours, ces derniers temps… Et arrive enfin le 26 mai, date de retrouvailles avec mes deux copains Dorian et Fraga. Ils viennent de France pour passer 5 jours avec nous en Albanie, en vadrouille dans Mammouth ! Une escale à Bari et surtout un retard d'avion plus tard, les voilà arrivés à l'aéroport de Tirana !!!...

Après avoir bien profité du sud de l'Albanie et son ensoleillement, nous mettons cap vers le nord et ses montagnes ! Le mercredi 17 mai, nous arrivons dans la ville de Shkodër, à la frontière du Monténégro, qui nous servira de base pour garer Mammouth le temps d'explorer cette région. Et oui, par ici les routes ne sont pas DU...