Nuits mouvementées

27/02/2023

Izmir

C'est notre 4ème jour en Turquie et nous quittons la tranquille ville Foça, avec pour objectif de dépasser l'immense Izmir rapidement. Après quelques kilomètres, une voiture nous dépasse un peu brusquement et nous entendons un désagréable petit « poc ». Un caillou est venu se loger en plein milieu de notre pare-brise ! L'impact est à peine visible, mais comme l'explique la célèbre pub, il ne vaut mieux pas attendre. Avec le froid et les routes bien cabossées, c'est la fissure assurée ! Nous nous arrêtons chez un premier réparateur dans une bourgade. Mais celui-ci ne propose que des changements de pare-brise complet, et nous explique que nous devons nous adresser à un plus gros garage à Izmir.

Nous voilà donc le lendemain à la recherche de Carglass Turquie pour réparer notre fichu impact ! La circulation est particulièrement dense et sportive sur la rocade. Nous découvrons des routes jonchées de nids de poule puis de véritables cratères, à mesure que nous avançons dans la zone industrielle. Quelques automobilistes nous observent avec étonnement, sans doute surpris de voir une femme au volant d'un gros camping-car. Un turc nous double même en klaxonnant, le pouce en l'air et visiblement amusé de cette situation. Finalement, notre problème trouve vite une solution chez Carglass, et aussi un service ultra-standardisé : même résine de colmatage, même uniforme, même jingle qui rentre dans la tête, même publicité diffusée en boucle sur les écrans du garage… Apparemment, on ne change pas une recette qui gagne : la « magie » de la mondialisation !

Alaçati

Nous quittons Izmir dans l'après-midi, ouf on respire de nouveau ! Malgré le temps mitigé, nous avons prévu d'aller visiter la presqu'île de Cesme et surtout la ville d'Alaçati, reconnue mondialement pour son spot de planche à voile. Forcément, la région est très venteuse, mais nous espérons y trouver des paysages plus sauvages. Premier arrêt dans le petit port d'Alaçati en début d'après-midi, où nous avons repéré la présence d'une source d'eau chaude de méthane. Arrivés sur place, le soleil est de retour et nous découvrons quelques turcs qui font trempette dans les bassins, survolés de fumerolles. L'eau est visiblement bien chaude ! Nous les rejoignons, amusés par cette baignade atypique en plein milieu d'un port, et ils ne tardent pas à nous questionner sur notre venue et à nous montrer où profiter des courants les plus chauds (voire carrément brulants) !

Nous gagnons ensuite la plage de Delikli Koy, ses falaises blanches et son eau transparente magnifique. Nous y trouvons le spot parfait : directement près de la plage, les pieds dans le sable, sous les pins… et occupé par une meute de chiens errants. Déjà à notre arrivée, ils n'ont pas l'air heureux de nous voir, courant et aboyant autour de Mammouth. Mais quand nous essayons de leur faire accepter Cassia c'est encore pire : ils approchent toutes dents dehors. Impossible de rester ici si nous ne pouvons même pas sortir Cassia dehors, sans parler des aboiements incessants. Nous nous résignons donc à partir plus loin, en haut d'une falaise. Chiens turcs : 1, les Mammouths : 0.

Dans la nuit, je suis réveillée par une forte lumière vers 3 heures du matin. Très curieux alors que nous sommes au milieu de nulle part ! En écartant les rideaux, je vois plusieurs faisceaux lumineux qui balayent la falaise. Je pense d'abord à la police et je réveille Valentin. En observant mieux, nous voyons une dizaine d'ombres se déplacer au loin et entendons des talkies-walkies. Cela doit simplement être un exercice militaire : nous nous rendormons. Le matin rebelote, je suis tirée du sommeil par le bruit d'une voiture. Je vois alors une dépanneuse débarquée sur notre falaise ! Paniquée, je réveille encore Val, en pensant que nous allons être délogés. Nous nous dépêchons de nous habiller et sortons, pour finalement voir que la dépanneuse entame une marche arrière sur le bord de la falaise. 

Valentin sort les jumelles pour jouer l'espion et voit que l'homme ramasse des objets puis les dissimule dans des buissons. Nous sommes de plus en plus intrigués quand nous voyons arriver un deuxième homme, pour lui prêter main-forte. Finalement, la dépanneuse repart après une petite heure, chargée d'un moteur de bateau et de plusieurs gilets de sauvetage. Nous partons aussitôt sur le haut de la falaise pour confirmer notre théorie : un énorme zodiac est écrasé en contrebas. Le raffut et les personnes observées dans la nuit n'étaient pas du tout des militaires, mais des migrants débarqués sur les rochers ! Après quelques recherches, nous apprenons que des centaines de migrants tentent régulièrement la traversée entre Chypre et l'île grecque de Chios située à seulement 30 kilomètres du littoral turc. Ils sont fréquemment repoussés et se rabattent ensuite sur la côte turque et en particulier cette presqu'île de Cesme. 

Cela nous fait tout drôle d'avoir été les témoins de cette triste réalité, d'autant que nous ne saurons jamais si les personnes présentes faisaient partie des autorités ou étaient des passeurs venus les aider à accoster.

Après toutes ses émotions, nous profitons de la pluie ininterrompue du jour pour nous réfugier dans un restaurant à Alaçati. C'est le moment de tester le Kahvalti, le fameux petit déjeuner turc. Comme pour un brunch, on y consomme toutes sortes de mets sucrés et salés : pain, beignets, œufs brouillés, confitures, tapenades, olives, fromages, fruits… La table est recouverte : à la fois satisfaisant et délicieux 😉

Baie de Kusadasi

La tempête semble s'installer et nous longeons la côte en direction d'Ephèse. En s'arrêtant près d'une plage, nous découvrons une passion turque étrange. Nous l'appellerons « le vroum-vroum sur la plage » ! C'est en effet un ballet incessant de voitures qui vont et viennent sur le sable, simplement pour le plaisir de la promenade ou alors pour observer l'horizon, garé face à la mer. Nous voyons même débarquer une voiture de police (venus prendre une pause-çaï) et le conducteur d'un car touristique. 

Et forcément, cela ne loupe pas lorsque l'on roule sur du sable : nous assistons en live à l'ensablement d'un vieux pick-up, qui se retrouve planté dans la dune. Le turc vient nous voir un peu démuni, pour savoir si nous aurions un cric et une pelle, et Valentin lui file un coup de main sous la pluie. Seulement une petite heure après l'avoir sorti d'affaire, nous voyons de nouveau un 4x4 s'approcher de la dune. Nous n'en croyons pas nos yeux en les voyant insister pour franchir celle-ci puis redescendre à l'endroit exact d'où nous venons de sortir le pick-up. 2ème ensablement de la journée !!! Cette fois, Val décrète qu'il est hors de question qu'il y retourne sous la pluie (et je le comprends bien) et nous nous faisons discrets dans le camping-car. Finalement, nos 3 compères appellent des amis à l'aide et réussissent à sortir le véhicule du sable au bout de 2 bonnes heures !

Au réveil le lendemain, j'ouvre le store du lanterneau supérieur et j'échappe de peu à une douche matinale ! La pluie très forte pendant la nuit a réussi à s'infiltrer et s'est stockée dans le store. Nous voilà avec seau et serpillière à tenter de tout éponger. Il faut ensuite faire sécher comme nous pouvons les plaids et housses des banquettes qui sont désormais trempées. Mammouth se transforme en étendoir géant pour le reste de la journée. Et ce n'est pas fini car, à l'humidité, s'ajoute un sacré vent froid qui s'engouffre dans la moindre grille d'aération. Valentin part en mission munie de son scotch pour calfeutrer tous les trous : ce n'est pas très esthétique, mais c'est efficace !

Vers 20h, nous recevons un SMS d'alerte de la part du gouvernement turc : une tempête est annoncée pendant la nuit. Nous choisissons de rester sur la plage, mais le regrettons vite quand nous sommes réveillés par les rafales qui secouent Mammouth comme un bateau en pleine mer. Nous sommes carrément obligés de descendre dormir en bas. Mais au réveil nous relativisons vite  quand nous prenons connaissance de l'actualité. D'énormes séismes se sont produits au petit matin à 1000 kilomètres, dans la région sud-est de la Turquie et en Syrie. Le bilan humain s'aggrave au fur et à mesure de la journée et des répercussions de séismes sont déjà annoncées dans les prochaines heures… Une tragédie pour cette région du monde déjà pauvre et endeuillée par la guerre.

Ephèse

Le vent est finalement un peu tombé et la pluie s'est arrêtée : bonne nouvelle, nous allons enfin pouvoir visiter Ephèse ! Nous avions souvent lu que ce site pouvait être une véritable fournaise et le guide prévient de se munir de casquettes et de quoi s'hydrater… Nous, c'est plutôt ambiance gants, bonnets et doudounes mais au moins nous ne serons pas dérangés par la foule. 

Cet immense site gréco-romain est le plus beau que nous ayons visité depuis le début du voyage. Pourtant seulement 20% ont été mis au jour, c'est dire l'immensité de la cité qui était la 4ème ville de l'Empire Romain. Son temple d'Artémis était connu comme l'une des 7 merveilles du monde, mais il ne reste aujourd'hui qu'une seule colonne. 

Les allées sont encore intactes ce qui rend la projection très facile. Nous évoluons entre les temples d'Hadrien, l'Odéon, le grand Théâtre… La Bibliothèque de Celsius était l'une des plus importantes du monde antique avec Alexandrie. Sa restauration quasi-complète permet vraiment saisir toute sa superbe. Un fait qui nous a aussi beaucoup étonné : la ville d'Ephèse était à l'époque construite sur le littoral, en témoignent les vestiges de son port maritime. La mer a depuis reculé de 7km, l'entourant complétement de collines.


Iasos

Après cette visite froide – mais belle – nous espérons retrouver un peu de soleil. Nous mettons le cap vers le sud pour la péninsule de Iasos, située au-dessus de Bodrum. Nous passons 2 nuits dans un village de pêcheurs très calme, avec sa jolie baie et ses vaches, poules et moutons en liberté dans les rues. Val profite aussi du retour du soleil pour réparer la fuite du lanterneau. Seule la prochaine tempête nous dira si la réparation a résisté, en espérant tout de même qu'elle ne sera pas de sitôt !

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

Nous avons compté les jours, ces derniers temps… Et arrive enfin le 26 mai, date de retrouvailles avec mes deux copains Dorian et Fraga. Ils viennent de France pour passer 5 jours avec nous en Albanie, en vadrouille dans Mammouth ! Une escale à Bari et surtout un retard d'avion plus tard, les voilà arrivés à l'aéroport de Tirana !!!...

Après avoir bien profité du sud de l'Albanie et son ensoleillement, nous mettons cap vers le nord et ses montagnes ! Le mercredi 17 mai, nous arrivons dans la ville de Shkodër, à la frontière du Monténégro, qui nous servira de base pour garer Mammouth le temps d'explorer cette région. Et oui, par ici les routes ne sont pas DU...

juin 06

Bunkerland

Les kilomètres se sont vite enchaînés depuis notre départ de la Turquie le 22 Avril ! Après avoir traversé le nord de la Grèce, nous avons gagné la célèbre région des Météores à la découverte des monastères perchés en haut des montagnes. Mais – chats noirs oblige – une panne de notre disque dur nous a fait perdre toutes les photos...