SOS dépanneuse
Les Thermes de Bucarest
Notre séjour en Roumanie touche à sa fin, alors que nous arrivons dans la région de Bucarest, dans le sud du pays. Après quelques hésitations, nous avons décidé de faire l'impasse sur la capitale. Le trafic y semble très dense, ce qui n'est pas toujours facile ni agréable avec le camping-car, et surtout ses attraits semblent se limiter à son vieux centre historique, d'après les échanges que nous avons pu avoir avec des locaux ou expats. Nous cherchons tout de même une activité dans les alentours et découvrons l'existence des « Thermes de Bucarest », le plus gros complexe aquatique d'Europe avec des piscines, un immense spa, et même une zone de toboggans. Impossible que l'on quitte le pays avant d'avoir testé cet endroit : nous nous voyons déjà nous prélasser dans l'eau chaude !
Nous nous y rendons donc dès le lendemain et débutons l'après-midi dans le bassin extérieur à 36 degrés, tellement agréable dans ce froid de novembre. Nous n'allons pas vous mentir : nos premiers pas dans cet endroit nous valent quelques fou rires et chocs culturels. En particulier, devant le spectacle des jeunes Roumaines débarquant dans les piscines maquillées telles Kim Kardashian, faux cils compris. Celles-ci ne prennent même pas le risque de profiter des saunas et semblent vouloir en permanence maintenir leur tête hors de l'eau pour ne pas risquer d'abîmer leur fond de teint. Nous assistons aussi à un véritable défilé de photos en maillot de bain sur la terrasse surplombant la piscine et ses palmiers. Les groupes de copines se prennent tour à tour, posant sur la pointes des pieds pour allonger leurs jambes par effet d'optique... De la même manière que nous l'avions constaté en Serbie, la jeunesse roumaine de Bucarest semble obnubilée par son apparence et prisonnière de la course au selfie instagram le plus avantageux. Ce fut encore une bonne illustration des dérives des réseaux sociaux et leurs dangers sur la confiance en soi. De notre côté, pas question de perdre de temps, car nous avons au moins 8 hammams et saunas à tester ! Nous passons ainsi d'une ambiance à une autre, entre hammam oriental, sauna provençal ou nordique, offrant des températures plus ou moins élevées et des huiles essentielles variées. Le clou du spectacle est tout de même le sauna-cinéma, dans lequel nous était projeté un documentaire animalier : un concept dont nous n'aurions jamais imaginé l'existence ! Nous terminons notre après-midi par la zone des toboggans, digne d'un parc Aqualand, et nous nous éclatons comme des enfants avec les grosses bouées, les chutes vertigineuses et les courants qui nous font prendre de la vitesse. On peut le dire, c'était une belle journée de détente en Roumanie, et cela valait très largement les 20€ d'entrée. Désormais, il est temps de mettre cap sur la Bulgarie !
Arrivée en Bulgarie
Nous passons la première nuit dans la ville de Rossé près de la frontière. Une visite pas forcément indispensable, nous avons trouvé la ville un peu triste et vieillissante. Sur le chemin pour la ville de Veliko Tarnovo, nous repérons sur google maps l'existence d'un monastère dont la visite semble réputée par les Bulgares. Mais surprise en arrivant sur les lieux : l'endroit est complétement désert, voire semble abandonné... Nous faisons tout de même le tour, admirons les peintures extérieures et grimpons jusqu'au clocher. Une dizaine de chats, qui semblent être les uniques occupants des lieux, vient rapidement nous rendre visite. Mais soudain, une petite dame repère notre présence et vient nous ouvrir la porte du monastère, moyennant un petit droit d'entrée comme il est d'usage ici. Nous ne regrettons pas de nous être éternisés le temps de son arrivée : les lieux sont somptueux, peints du sol au plafond de fresques colorées typiquement orthodoxes. Encore une pépite sur laquelle nous sommes tombés par hasard et qui n'apparaissait même pas dans les guides de la région !
Veliko Tarnovo
Malheureusement, notre arrivée à Veliko coïncide avec celle de la pluie et du brouillard, qui s'invitent pour quelques jours. Cette ancienne capitale de la Bulgarie médiévale semble comme suspendue aux parois rocheuses, étalée en terrasses sur plusieurs collines qui sont séparées par la rivière Yantra. Nous nous garons sur le parking du musée d'Art, sur la presqu'île offrant une magnifique vue panoramique à 180 degrés sur la ville. Le tout est dominé par l'imposant monument commémoratif de la Dynastie Asenid qui semble tout droit sortie d'un livre de fantasy.
Même si le mauvais temps
ne nous permet pas d'explorer beaucoup les lieux, nous faisons tout de même le
tour du centre-ville historique et nous rendons jusqu'à la forteresse Tsarevets.
Bien que celle-ci devait être impressionnante à l'époque, elle se résume
désormais à un immense ensemble de ruines et nous demande vraiment un effort de projection. La
visite ne nous fait pas un grand effet, si ce n'est l'église, reconstruite
en 1981 et ses fresques modernes impressionnantes qui nous semblent quasiment futuristes.
Après 3 jours, le beau temps est enfin de retour et nous décidons de quitter le froid des montagnes pour gagner la côte. Valentin tente de démarrer, mais cale aussitôt, à cause d'un oubli de frein à main (Ca arrive même aux meilleurs pilotes !). Mais lorsqu'il essaye de remettre le contact, nous constatons un bruit de claquement étrange. Surtout, Mammouth ne bouge pas d'un poil : impossible de démarrer. Je prends le volant tandis qu'il ouvre le capot, et tente d'alimenter le démarreur en direct. Le même bruit persiste et pire : je constate soudain de la fumée qui s'élève du bloc-moteur, accompagnée par une belle odeur de cramé ! Nous arrêtons tout, par peur d'endommager davantage et surtout de mettre le feu au système électrique. Il faut nous rendre à l'évidence, nous sommes cette fois ci bel et bien en panne. Nous ne réfléchissons pas trop longtemps avant de contacter notre assurance, qui se révèle très réactive pour un dimanche matin. Nous sommes immédiatement mis en contact avec le service d'assistance à l'étranger, qui nous demande quelques renseignements afin de pouvoir contacter un correspondant en Bulgarie. Nous partons tout de même nous promener (après tout, le soleil est revenu !) et nous recevons un appel dans l'après-midi de l'assistance bulgare, qui nous demande un point GPS et plus d'informations sur les dimensions du véhicule. Nous programmons avec eux le dépannage pour le lendemain matin à 8h30 précise, les garages étant de toute façon fermés pour le week-end.
Le lendemain, le dépanneur est ponctuel et ne met pas longtemps à
manœuvrer Mammouth pour l'arracher à ce fichu parking. Les drapeaux américains de la dépanneuse nous
font bien rire, mais nous ne sommes tout de même pas très fiers. Notre crainte est que le court-circuit ait mis notre démarreur HS,
alors que nous l'avions changé juste avant de partir. Au garage, Nous sommes accueillis
chaleureusement par l'équipe, et expliquons toute la situation au chef d'atelier.
Nous sommes bluffés par leur réactivité : ils traitent notre cas vraiment
en urgence et attaquent dans la foulée. Deux heures plus tard, le
chef d'atelier est déjà de retour avec de bonnes nouvelles : il s'agit
simplement d'un câble abîmé, qui aurait causé un court-circuit et mis momentanément hors d'usage notre moteur. Ils ont pris le temps de tester la batterie et le
démarreur et aucune pièce n'a été endommagée. Quel gros soulagement : tout est réglé et nous pouvons
donc reprendre la route. Mais d'abord, nous sommes affamés par toute
cette matinée d'attente et nous décidons de nous offrir un petit plaisir
coupable mais réconfortant : un bon déjeuner chez McDonald's (Le premier
depuis le début de notre voyage) !
La réserve archéologique de Madara
Après cela, nous n'avons plus qu'une hâte : quitter au plus vite cette ville maudite. Nous partons en direction de la côte, mais le trajet prend plusieurs heures et la route est en très mauvais état. Nous décidons finalement de nous arrêter à mi-chemin et repérons la ville de Madara, dans laquelle se situe une réserve archéologique. Le lendemain, nous sommes bien évidemment les seuls promeneurs sur les lieux et nous dirigeons vers les belles falaises qui se dressent devant nous. Quelques grottes s'y cachent, dont l'une d'entre elle est transformée en une jolie petite chapelle. Sur le chemin, nous passons devant la gravure qui fait la réputation de Madara : la scène d'un cavalier terrassant un lion, sculpté dans la roche à 23 mètres de hauteur. D'après les inscriptions en Grec ancien retrouvées à proximité, il daterait de 710 après J.C et est la seule sculpture de ce genre retrouvée en Europe. Au sommet, nous découvrons les restes d'une forteresse romaine dominant la vallée : la vue est spectaculaire même s'il y a encore beaucoup de brouillard ce jour-là.
Il est maintenant temps de rejoindre la côte et le soleil, pour en découvrir encore un peu plus sur ce pays et pouvoir nous reposer de toutes les émotions des derniers jours. Une chose est sûre : on se souviendra longtemps de notre arrivée en Bulgarie et cette mésaventure de panne qui vient encore alimenter notre tour d'Europe des garages ! Mais comme nous sommes positifs de nature, nous retenons surtout l'énorme chance que nous avons eue encore une fois. Premièrement, concernant le timing : nous sommes tombés en panne le 13 novembre, soit deux jours avant la fin de notre contrat d'assistance (Les assurances françaises imposent toutes une clause qui ne protège que 3 mois hors du territoire). Deuxièmement, pour l'emplacement : nous qui sommes adeptes du camping sauvage dans des coins reculés, nous étions pour une fois dans une grande ville, sur un parking très accessible et permettant à la dépanneuse de manœuvrer aisément.
Une grosse panne, finalement pas si grosse : l'aventure peut continuer !