Tête-de-turc !

07/03/2023

La journée du 9 février s'annonce comme un long périple. Nous avons décidé de faire l'impasse sur la presqu'île de Bodrum, réputée très touristique et bétonnée pour partir à la découverte de sa voisine Daça. Mais ce territoire, plutôt isolé et montagneux, se mérite au prix de quelques heures de conduite ! Le paysage est de plus en plus somptueux à mesure que nous descendons vers le sud et nous fait vite oublier les kilomètres. Nous contemplons nos premières montagnes enneigées qui laissent bientôt place à une mer bleu turquoise. Le littoral est découpé et tout en relief : nous avons l'impression de retrouver le Péloponnèse Grec, en version gigantesque.

Nous marquons un premier arrêt pique-nique dans la petite ville d'Akyaka. Située dans le creux de la baie de Gokova, elle bénéficie d'un cadre incroyable avec sa rivière transparente, peuplée de canards, qui vient se jeter dans la mer. Les « petites embarcations » du port (admirez par vous-même) nous laissent penser que le lieu doit être apprécié des riches vacanciers Russes… et sans doute étouffant en saison, en témoignent les centaines de tables vides en terrasses.

La route continue jusqu'à Marmaris, une grosse station balnéaire, où nous souhaitons aller donner notre sang. Nous avons réfléchi à la manière d'aider les victimes du récent séisme, au-delà des dons aux associations qui sont actives sur place, et nous avons entendu qu'un appel avait été fait à la population dans ce sens. Le personnel est un peu étonné en nous voyant arriver et ne parle pas très bien anglais. Ils appellent finalement le responsable qui semble très embêté de nous refuser. Il nous apprend que la loi l'oblige à n'accepter que les donneurs de nationalité turque. Nous repartons donc sans avoir pu aider, mais avec tout de même un gros câlin du directeur.

Nous poursuivons en direction de Daça, sur une petite route qui serpente dans les montagnes. Avec Mammouth, nous nous retrouvons dans certaines côtes à 30 km/h à suivre de gros camions sans pouvoir les doubler. Le temps de trajet passe de 45 minutes sur le GPS à 1h30 pour nous. Au moins nous avons le temps d'admirer ce paysage incroyable. Aucun village à l'horizon, un enchainement de montagnes vertes, de baies turquoises, une lumière magnifique... Nous nous pensons même en Asie de l'Est à certains virages devant cette multitude de collines. C'est sans doute le plus beau que nous ayons pu contempler depuis le début du voyage.

Arrivés à Daça, nous mettons un peu de temps à trouver l'emplacement idéal. Comme nous souhaitons y rester plusieurs jours, nous décidons de tenter en centre-ville, sans savoir si nous avons vraiment le droit. Nous nous garons directement sur le port, avec une vue magnifique sur la ville… et à côté d'une base militaire. Oups, pour la discrétion, il faudra repasser ! Mais finalement personne ne semble se soucier de notre présence et nous pouvons profiter de 2 belles nuits dans cette jolie ville. Comme d'habitude sur la côte Turque, nous remarquons de nombreux restaurants et terrasses vides, indice qui nous fait dire que la saison estivale doit être infernale par ici. De notre côté, c'est plutôt la croix et la bannière pour trouver un restaurant ouvert le premier soir… Nous finissons finalement dans une petite pizzeria remplie de Turcs, dont une dame très gentille parlant français et qui vient nous traduire quelques informations et s'assurer que tout va bien pour nous. 

Le lendemain, nous partons pour une boucle à travers la campagne pour rejoindre « le Vieux Daça », un ancien village soi-disant resté dans son jus… qui se résume à quelques rues vides aux pensions décorées à l'occidentale (Façon jolies couleurs instagrammables) et sans réelles âmes. Après cette petite déception, nous poursuivons vers la ville de Resadiye pour une mission d'achat de la plus haute importance : de l'huile de boîte de vitesse. L'ambiance de cette ville est à l'opposé de la précédente : un vrai bazar turc, rempli de monde, de bruit et de scooters. Nous nous y sentons plus à l'aise et faisons une halte dans un petit troquet en bord de route où nous payons 5€ à deux pour des brochettes, des pâtes, une salade et un çaï. 

Un monsieur nous indique où trouver le quartier des garages et nous débouchons plus loin sur un enchevêtrement de carrossiers, électriciens et mécanos en tout genre. Nous en choisissons un par hasard, mais notre homme semble un peu embêté. Il part discuter avec son patron et nous comprenons que l'huile de boîte de vitesse ne se vend pas en libre-service. Mais ils reviennent avec un contenant de 5 litres, rempli à partir d'un gros bidon de leur garage. Les turcs, où l'art de la débrouillardise incarné ! Cette randonnée/course mécanique se termine en longeant la côte, où nous croisons un énorme mais gentil Berger d'Anatolie (race de chien originaire de Turquie) et une méchante vache qui nous aurait bien chargés. Le danger n'est pas toujours où on le croit, heureusement, celle-ci était attachée… ! Nous terminons cette journée de marche sur la promenade du port de Daça, bien animée en ce vendredi soir. Les enfants jouent dans les nombreuses aires de jeux (très présentes et toujours remarquables d'originalité), tandis que les parents refont les monde en profitant du soleil de la fin de journée.

Le lendemain, c'est parti pour une journée kayak, histoire d'explorer les baies de la région. Nous n'avons pas à pagayer bien loin pour trouver une belle crique isolée, où nous passons l'après-midi. Vers 17h, le froid commence à faire son apparition et nous reprenons la mer. Celle-ci se révèle bien plus agitée qu'à l'aller, il faut pagayer fort contre les vagues ! A l'approche du port, nous pensons être à l'abri, mais la houle redouble de plus belle. Je me fais complétement rincer à l'avant du kayak. Nous arrivons à destination trempés mais sans naufrage, c'est le principal ! 😉

Nous nous faisons une petite soirée bar pour nous remettre de cette sortie kayak sportive. Seul le gérant et 3 amis turcs sont attablés dans un coin. Nous nous installons à côté et après quelques minutes, je remarque qu'ils nous fixent en parlant. Je me retourne pour vérifier qu'ils s'adressent bien à nous, mais voilà qu'ils nous pointent du doigt en insistant et en répétant « Turkish ». Nous comprenons alors qu'ils pensent que Valentin est originaire du pays. Nous rigolons du quiproquo en leur expliquant que nous sommes français. Ce doit être l'effet de la barbe longue : le voilà qui se fond dans la population locale !

En guise de conclusion, nous nous sommes interrogés sur les origines de la célèbre expression "tête de turc". Elle daterait de l'époque des premières fêtes foraines et un jeu « le Mailloche ». Il consistait à frapper d'un marteau la représentation d'une tête coiffée d'un turban, pour mesurer sa force. Par analogie, ce jeu aurait inspiré cette expression en désignant un bouc émissaire. Pas très sympathique, au départ, il faut le dire !

Ce sera un article plus succinct cette fois : nous sommes rentrés en France depuis le 28 juin et manquons de temps pour nous consacrer à la rédaction 😉 Voici quand même quelques lignes sur nos aventures dans le sud de l'Italie, après notre arrivée en ferry le 4 juin dernier.

Nous avons compté les jours, ces derniers temps… Et arrive enfin le 26 mai, date de retrouvailles avec mes deux copains Dorian et Fraga. Ils viennent de France pour passer 5 jours avec nous en Albanie, en vadrouille dans Mammouth ! Une escale à Bari et surtout un retard d'avion plus tard, les voilà arrivés à l'aéroport de Tirana !!!...

Après avoir bien profité du sud de l'Albanie et son ensoleillement, nous mettons cap vers le nord et ses montagnes ! Le mercredi 17 mai, nous arrivons dans la ville de Shkodër, à la frontière du Monténégro, qui nous servira de base pour garer Mammouth le temps d'explorer cette région. Et oui, par ici les routes ne sont pas DU...

juin 06

Bunkerland

Les kilomètres se sont vite enchaînés depuis notre départ de la Turquie le 22 Avril ! Après avoir traversé le nord de la Grèce, nous avons gagné la célèbre région des Météores à la découverte des monastères perchés en haut des montagnes. Mais – chats noirs oblige – une panne de notre disque dur nous a fait perdre toutes les photos...